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Les éclairages vélo évoluent vite. Feux intelligents qui s’adaptent automatiquement, clignotants de guidon comme sur une moto, bandes lumineuses connectées. Ces innovations améliorent la visibilité, mais la loi française reste stricte. Entre ce qui brille dans les vitrines et ce que le Code de la route autorise vraiment, l’écart peut coûter cher.
Voici ce que vous pouvez utiliser sans risquer une amende ou compromettre votre assurance en cas d’accident.
💡 Les obligations légales : le minimum non négociable
Le Code de la route (articles R313-4 à R313-5) impose un équipement lumineux minimum pour tout vélo circulant de nuit ou par visibilité insuffisante :
- Feu avant blanc ou jaune : non éblouissant, visible à 100 mètres
- Feu arrière rouge fixe : visible à 150 mètres
- Catadioptres : rouges à l’arrière, blancs à l’avant, oranges sur les roues et pédales
Absence ou défaillance de ces dispositifs : amende de 11 euros (contravention de 1ʳᵉ classe). En cas d’accident, la non-conformité devient une faute partielle qui réduit votre indemnisation.
Point crucial : les feux doivent être homologués CE. Pas de bricolage, pas de LED de décoration. Homologation obligatoire.
⚙️ Feux intelligents : innovation autorisée sous conditions
Les feux intelligents (Garmin, Magicshine, See.Sense, Decathlon Connect) ajustent automatiquement la puissance ou la fréquence du clignotement selon la luminosité ambiante ou la vitesse. Certains s’allument au freinage, détectent les véhicules approchant par radar arrière.
Ces dispositifs ne sont pas illégaux, mais avec des restrictions importantes :
- Mode fixe obligatoire à l’avant : le feu avant clignotant reste interdit sur route ouverte
- Clignotant arrière autorisé : uniquement si non éblouissant et fréquence lente (article R313-25)
- Visibilité réglementaire respectée : 100 mètres avant, 150 mètres arrière
Si votre feu avant intelligent alterne automatiquement les intensités, désactivez ce mode en circulation publique. Gardez-le pour les pistes isolées ou chemins forestiers.
🚦 Clignotants de guidon : la zone grise du Code
Les clignotants de guidon explosent depuis 2023. Petits modules lumineux intégrés dans les embouts ou fixés sur les gants, ils signalent vos changements de direction comme sur une moto. Modèles populaires : The Beam Cosmo, Beryl Indicators, G-Light, BlinkerBike.
Problème majeur : aucun texte officiel ne reconnaît ces feux comme « dispositif de changement de direction homologué ». La norme NF EN 15194 (spécifique aux VAE) ne mentionne que l’éclairage fixe et les catadioptres.
Conséquences concrètes :
- Pas interdits, mais sans valeur légale en cas d’accident
- Assurance non couverte : un automobiliste peut contester leur visibilité
- Bras tendu obligatoire : c’est encore le seul signal reconnu par le Code
Bon usage recommandé : toujours coupler avec un bras tendu, préférer les modèles orange ambré (couleur standard), vérifier qu’ils ne clignotent pas en continu quand vous roulez droit.
🔋 Systèmes connectés : légaux mais à surveiller
Les feux reliés à une application mobile (Garmin Varia, See.Sense ICON2) proposent des fonctions avancées : alerte freinage brusque, détection d’approche véhicule, suivi GPS antivol, clignotement dynamique selon la vitesse.
Ces fonctions ne posent aucun problème légal, tant qu’elles ne remplacent pas les signaux manuels et que le feu conserve une intensité stable conforme aux normes CE.
Attention critique : si votre feu diffuse une lumière colorée non conforme (bleue, verte, blanche à l’arrière), c’est strictement interdit. Article R313-4-1 du Code interdit tout feu susceptible de créer une confusion avec les signaux d’urgence.
⚠️ Amendes et risques en cas d’accident
- Feux absents ou non conformes : 11 euros (contravention 1ʳᵉ classe)
- Feu avant clignotant / couleur non réglementaire : jusqu’à 135 euros
- En cas d’accident nocturne : la non-conformité devient une faute partielle, l’assurance réduit votre indemnisation
Exemple concret : un cycliste équipé d’un feu avant clignotant trop puissant a été jugé responsable à 30% d’une collision. L’automobiliste n’a pas identifié correctement sa trajectoire. Résultat : indemnisation réduite de 30%.
🌙 La combinaison légale et efficace
Voici l’équipement optimal pour être à la fois conforme et parfaitement visible :
- Feu avant blanc fixe : minimum 200 lumens, homologué CE
- Feu arrière rouge : fixe ou clignotant lent, visible à 150 mètres
- Gilet réfléchissant : dès que la visibilité baisse (obligatoire hors agglomération)
- Clignotants de guidon : en complément uniquement, bras tendu reste obligatoire
- Catadioptres conformes : roues, pédales, arrière
Évitez le « sapin de Noël ». Trop de LED tue la lisibilité. Les automobilistes doivent identifier clairement votre position et votre direction. Un éclairage sobre et conforme protège mieux qu’une guirlande clignotante.
🏁 Innovation oui, mais dans le cadre légal
Les éclairages intelligents et connectés améliorent réellement la sécurité des cyclistes. Mais la loi française n’évolue pas aussi vite que la technologie. Résultat : une zone grise où certains équipements brillent en magasin mais restent non reconnus par le Code.
La règle d’or : privilégiez toujours l’homologation CE, conservez un mode fixe à l’avant, et gardez les signaux manuels pour les changements de direction. Votre visibilité gagne, votre assurance reste couverte, et les amendes restent dans la poche des autres.




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