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Brûler un feu rouge à vélo, ça choque. Ça passe pour de l’indiscipline, de l’arrogance, voire du danger public. Et pourtant, dans certaines situations précises, cette pratique peut être non seulement légale, mais aussi plus sécurisée que l’arrêt complet. Explications.
Plusieurs études montrent que s’arrêter systématiquement aux feux ou aux panneaux d’arrêt peut parfois présenter plus de risques pour les cyclistes. Angles morts, démarrages dans le trafic dense, perte d’équilibre… La réalité est plus nuancée que ce qu’on imagine.
🚦 Le piège des angles morts au redémarrage
Quand un cycliste s’arrête au feu rouge à côté d’un camion ou d’un bus, il se place souvent dans l’angle mort du conducteur. Au moment où le feu passe au vert, tout le monde redémarre en même temps. Le véhicule lourd tourne à droite sans voir le cycliste qui démarre droit devant lui. C’est le scénario classique des accidents mortels en ville.
En partant quelques secondes avant, lorsque la voie est dégagée, le cycliste se place devant le trafic automobile et devient visible de tous. Il ne se retrouve plus coincé entre un trottoir et un camion qui ne l’a pas vu. Cette prise d’avance n’est pas de l’anarchie : c’est une stratégie de survie.
Les sas vélo existent pour ça, mais ils sont encore absents de la majorité des intersections françaises. En leur absence, partir prudemment avant le feu permet de sortir de la zone de danger.
⚡ L’arrêt complet, une perte d’énergie et d’équilibre
Un cycliste qui s’arrête complètement à chaque feu perd son élan, doit poser le pied à terre, puis redémarrer en force dans la circulation. Cette séquence arrêt-redémarrage consomme une énergie considérable et déstabilise l’équilibre, surtout pour les cyclistes moins expérimentés ou chargés.
À l’inverse, ralentir pour vérifier que la voie est libre, puis passer en gardant son allure, maintient la fluidité et la stabilité. Le cycliste garde son équilibre, reste concentré sur son environnement, et ne se bat pas pour redémarrer au milieu des voitures qui accélèrent.
🇫🇷 Le panonceau M12 : quand la loi autorise le passage
En France, depuis 2012, un dispositif légal permet aux cyclistes de passer certains feux rouges équipés d’un panonceau spécifique : le M12. Ce petit panneau triangulaire jaune, placé sous le feu, indique les directions autorisées pour les vélos (tout droit, à droite, ou à gauche).
Dans ce cas, le feu rouge se transforme en cédez-le-passage. Le cycliste peut avancer s’il laisse la priorité aux piétons et aux autres véhicules. Ce n’est pas un « feu vert pour les vélos », c’est un outil de fluidification du trafic qui reconnaît la réalité du déplacement à vélo.
Malheureusement, tous les feux ne sont pas équipés de ce panonceau. Et beaucoup d’automobilistes ignorent encore son existence, ce qui crée des incompréhensions et des coups de klaxon injustifiés.
🛡️ Les conditions pour passer en sécurité
Attention : brûler un feu rouge sans panonceau M12 reste illégal et peut coûter 135 euros d’amende. Mais même avec le panonceau, il faut respecter des règles de bon sens :
- Ralentir systématiquement pour évaluer la situation
- Laisser la priorité absolue aux piétons qui traversent
- Vérifier que la voie est libre dans toutes les directions
- Ne jamais couper devant un véhicule en mouvement
- Rester visible avec un éclairage adapté, surtout la nuit
Passer un feu ne signifie pas foncer aveuglément. C’est un calcul de sécurité qui demande vigilance et anticipation.
🌍 Ce que disent les études internationales
Aux États-Unis, plusieurs villes comme Portland ou San Francisco ont adopté l’Idaho Stop Law, qui autorise les cyclistes à traiter les panneaux d’arrêt comme des cédez-le-passage. Les statistiques montrent que cette mesure n’augmente pas le nombre d’accidents, et améliore même la sécurité des cyclistes en réduisant leur temps d’exposition dans les carrefours dangereux.
À Paris, une étude menée après l’installation des panoceaux M12 a révélé une baisse des accidents aux intersections équipées. Les cyclistes gagnent en visibilité, les automobilistes apprennent à anticiper leur présence, et la cohabitation devient plus fluide.
🚴 Encourager le vélo pour désengorger les villes
Faciliter la circulation des vélos, c’est aussi inciter plus de gens à laisser leur voiture au garage. Moins de voitures, c’est moins de pollution, moins de bruit, moins de congestion. Chaque cycliste qui passe en toute sécurité un feu rouge avec panonceau M12 est un automobiliste de moins dans les embouteillages.
Les villes qui investissent dans ces infrastructures intelligentes voient leur part modale vélo augmenter rapidement. Ce n’est pas de la permissivité : c’est de l’urbanisme adapté aux réalités des déplacements du XXIe siècle.
🏁 L’équilibre entre sécurité et respect des règles
Brûler un feu rouge à vélo n’est pas une licence à l’anarchie. C’est une pratique qui peut être justifiée et sécurisée dans certains cas précis, encadrée par des règles adaptées. Le panonceau M12 est un bon compromis : il reconnaît la réalité du déplacement à vélo tout en maintenant la sécurité de tous.
Alors oui, les cyclistes ont parfois raison de passer certains feux rouges. Pas par défi, mais par prudence. Pas par indiscipline, mais par stratégie de survie dans un environnement urbain qui n’a pas toujours été pensé pour eux.
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