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Le casque à vélo est-il indispensable pour la sécurité, ou pourrait-il paradoxalement engendrer plus de risques et décourager la pratique cycliste ?
Le débat, souvent très passionné, s’est récemment intensifié lorsqu’un dirigeant d’une entreprise de livraison à vélo a décidé de bannir le port du casque pour ses employés.
Dans la séquence vidéo évoquée (avec, notamment, l’intervention de Ben Knowles, PDG de la société londonienne PedalMe), cet argument surprenant est présenté comme une façon d’augmenter la sécurité globale plutôt que de la réduire.
1. Contexte : la décision controversée de Ben Knowles de PedalMe
Ben Knowles, fondateur et PDG de PedalMe, une entreprise de transport de personnes et de marchandises à vélo à Londres, a suscité un véritable tollé lorsqu’il a annoncé que ses coursiers n’étaient pas autorisés à porter de casques.
Cette consigne, qui peut paraître contre-intuitive, s’appuie selon lui sur des études et des observations au niveau populationnel.
L’argument de Knowles est le suivant : s’il est bien établi qu’un casque peut protéger la tête en cas de chute, l’obligation (ou l’encouragement massif) à porter un casque entraînerait un ensemble d’effets indirects indésirables, dont la hausse du risque par kilomètre parcouru, la baisse du nombre de cyclistes, et, par conséquent, une normalisation plus faible du vélo au quotidien.
2. Le paradoxe de la compensation du risque : prendre plus de risques… parce qu’on est protégé
L’une des notions clefs défendues par Ben Knowles est la “compensation du risque”. L’idée est relativement simple : lorsqu’on se sent protégé par un équipement, on a tendance à adopter des comportements plus risqués.
Dans la vidéo citée, il donne un exemple très parlant : descendre un escalier en courant alors qu’on est seul (le risque perçu pour soi-même) versus descendre le même escalier, étape par étape, lorsqu’on tient un enfant dans ses bras (le risque perçu pour autrui).
Transposée au cyclisme, la compensation du risque supposerait que le port du casque amène certains cyclistes à rouler plus vite, à freiner moins ou à prendre plus de risques dans la circulation, ce qui pourrait, in fine, annuler une partie des bénéfices protecteurs du casque.
Attention : cette hypothèse ne signifie pas que le casque ne protège pas la tête lors d’un choc ; cela indique plutôt qu’au niveau global, le sentiment de sécurité peut engendrer un relâchement comportemental chez certains cyclistes, ou encore influencer négativement la vigilance des automobilistes.
3. Les statistiques : l’impact du casque au niveau de la population
Un autre point soulevé dans la vidéo concerne les études de corrélation : dans certains pays ou régions où le port du casque est rendu obligatoire ou fortement encouragé, on observe que le nombre de cyclistes diminue, tandis que le risque relatif (accidents par kilomètre) a tendance à augmenter.
Pourquoi cela se produirait-il ? Plusieurs pistes sont avancées :
- Moins de cyclistes sur la route : Si une législation ou une perception trop anxiogène du risque dissuade une partie de la population de pédaler, on se retrouve avec moins de vélos en circulation. Or, diverses études ont montré qu’un plus grand nombre de cyclistes renforce la sécurité globale (“safety in numbers”), notamment parce que les automobilistes s’habituent davantage à leur présence et adaptent leur comportement.
- Une perception de danger accrue : L’insistance à porter un casque (parfois couplée à une communication axée sur le risque de blessure grave) peut donner l’impression que faire du vélo est exceptionnellement dangereux, alors que les statistiques globales indiquent souvent que les avantages (santé, réduction du stress, etc.) l’emportent sur les risques.
4. Normaliser le cyclisme plutôt que de le dramatiser
L’un des objectifs mis en avant par ceux qui se positionnent contre l’obligation du casque est de “normaliser” le vélo en tant que mode de déplacement sûr, sain et pratique.
Dans certaines villes européennes où le taux de port du casque est très faible (notamment aux Pays-Bas ou au Danemark), on note un taux de mortalité cycliste par kilomètre parcouru parmi les plus bas au monde.
Pour Ben Knowles et d’autres partisans de cette approche, le fait d’imposer le casque renforce la perception d’un “sport à risque” ou d’une “activité dangereuse” plutôt que d’une mobilité du quotidien.
Ils estiment qu’il est plus efficace de se concentrer sur :
- L’aménagement d’infrastructures cyclables sécurisées,
- La formation des cyclistes et leur visibilité (éclairage, vigilance),
- La sensibilisation des automobilistes au partage de la route,
- L’entretien régulier des vélos (freins, pneus, etc.) pour minimiser les risques d’accident.
5. Les réactions et critiques face à cette position
Évidemment, l’annonce de l’interdiction du casque chez PedalMe a soulevé de nombreuses critiques, principalement de la part de ceux qui considèrent le casque comme un Équipement de Protection Individuelle (EPI) indispensable.
Parmi les objections les plus récurrentes :
- La liberté individuelle : Beaucoup estiment que le choix de porter un casque devrait appartenir à chacun, et qu’une interdiction ou une obligation de le porter est une atteinte à la liberté de l’employé ou du citoyen.
- La protection en cas de chute ou de collision : Les témoignages de cyclistes affirmant que leur casque leur a sauvé la vie sont nombreux. Interdire le casque revient, selon certains, à exposer inutilement les salariés au risque de traumatisme crânien.
- Comparaison avec d’autres secteurs : Dans le domaine du travail, bannir un EPI peut paraître absurde si l’on considère le contexte d’autres professions (chantier, usines, etc.) où la protection de la tête est obligatoire.
Pourtant, comme le souligne Knowles, son approche s’inspire de la logique de la “hiérarchie du risque” : éliminer ou réduire la source de danger plutôt que de miser uniquement sur la protection individuelle.
6. Peut-on vraiment rouler sans casque ?
La question reste évidemment sensible.
Nombre d’entre nous se sentent tout simplement plus en confiance avec un casque, notamment en zone urbaine dense, ou lorsqu’on pratique le cyclisme sportif (vitesse élevée, descente rapide, etc.).
Ben Knowles fait d’ailleurs lui-même une distinction :
« Pour une course ou une sortie sportive avec des risques plus élevés, porter un casque est parfaitement logique. En revanche, pour des trajets quotidiens à allure modérée, on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt réel du casque, en prenant en compte la compensation du risque et la normalisation du vélo. »
Cette approche souligne que la dangerosité n’est pas la même selon qu’on se trouve en pleine compétition (où l’on cherche la performance maximale) ou en simple déplacement urbain.
7. Conclusion : trouver l’équilibre entre sécurité et liberté
Le débat autour du non-port du casque à vélo reflète un enjeu plus large : comment encourager la pratique cycliste tout en réduisant véritablement les accidents ?
D’un côté, l’argument de la protection du crâne en cas de chute reste incontournable. De l’autre, l’effet dissuasif du casque, son impact sur la perception du risque et la “compensation du risque” invitent à repenser la stratégie de sécurité routière de manière plus globale.
Il est fort probable que les opinions restent divisées. Les cyclistes urbains cherchant à banaliser leurs trajets opteront peut-être pour moins d’équipements, tandis que d’autres jugeront impensable de se passer d’une protection crânienne.
Dans l’idéal, il conviendrait d’aller vers des villes plus sûres, avec des infrastructures adaptées, une meilleure cohabitation avec les automobilistes et une formation solide. Ainsi, chacun pourrait faire son choix de manière éclairée, sans que ce choix pèse négativement sur la collectivité.
Finalement, la décision de porter ou non un casque demeure un arbitrage personnel, influencé par le type de pratique, l’environnement de circulation, la perception du risque et des valeurs individuelles.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à partager votre point de vue dans les commentaires. Préférez-vous porter un casque systématiquement ?
Seriez-vous prêt à l’abandonner si les conditions de circulation étaient plus sûres ?
Le débat est loin d’être clos, mais il reste essentiel pour faire avancer la cause du vélo comme mode de transport à part entière.
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C’est le genre d’article dangereux. Gros rouleur 18/20 000km par an dont la moitié en région parisienne (paris petite couronne).
Le constat est sans appel les comportements dangereux sont majoritairement les personnes sans casques de plus de 40 ans et avec veste a haute visibilite (type réfléchissante).
Enfin une chute est généralement due à plusieurs facteurs exogene et endogène dont casse de rayons, pneu crevé, gas oil/huile sur la route, boue, distance de freinage non respectées, non respect des autres usagers de la route principalement.
Le casque sauve des vies lutter contre celui-ci est un combat de gens qui n’aime pas le vélo!
Bonjour Tout à fait d ‘accord avec vous. Cet article est m ‘a choqué et d’ une très grande bétise . Combien de personnes vont suivre à l ‘aveugle ce genre d information ?. J ai 74 ans , je parcours des milliers de kilomètres à vélo et vu la dangerosité de certains automobilistes et parfois aussi de mon inatention je suis ravie et rassurée d avoir un casque .Christine
j’encourage vivement ce Monsieur à visiter un centre de rééducation fonctionnelle et qu’il s’attarde dans le service des traumatisés crânien.
Le casque en vélo est très important.il devrait être obligatoire.
Je roule jamais sans mon casque 5 à 6000kms par an
Il y en a qui ont besoin de faire parler d’eux. Complètement débile comme si le fait de pas de casque vous allez rouler moins vite. Mais bon chacun sa théorie perso je sais bien que moi je met toujours un casque et j’ai obligé mes garçons à faire la même chose. Si son étude est positive il faut alors retirer le casque des motards. Question bête réponse idiote.
Tout à fait d’accord c’est criminel de faire croire que le port du casque engendrerait de l’imprudence. Le casque m’a sauvé de traumas crâniens suite à des chutes dues aux imprudences des automobilistes
Dans mon véhicule léger, je vais rouler sans porter ma ceinture de sécurité attachée comme ça je serai encore plus prudent…👌😉
Ah oui, bien sûr ! Et pendant qu’on y est, débattons aussi de la suppression de la ceinture de sécurité en voiture. Après tout, si on ne la met pas, les autres conducteurs seront sûrement plus prudents pour éviter de nous percuter… Logique, non ?
Blague à part, la vraie question est simple : en cas d’accident à vélo, est-ce que porter un casque réduit le risque de blessure grave à la tête ? La réponse est évidente. J’ai vraiment besoin de l’écrire noir sur blanc ? Non ? Alors il n’y a pas de débat.
Genial ce patron de société!
Empêcher le port du casque pour ses coursiers pour assurer leur sécurité! 🤣
Dommage, il ne va pas assez loin! Supprimons l’éclairage et les freins! Le danger perçu sera tellement palpable que ses gars pousseront les vélos. Zéro accident. Níquel.
Dommage qu’il n’ai pas pensé à réduire le nombre de leurs livraisons en maintenant leur salaire. Comment ça » pas rentable « ? 🤔
D’ailleurs, en France, supprimons cette obligation stupide qu’ont les enfants de moins de 12 ans de porter un casque! Plus prudents ils apprendrons mieux et plus vite à pédaler.
Plus sérieusement, cet article, c’est un gag non? Un truc que vous n’avez pas pu caser le 01 avril dernier?
Vous êtes cons, je ne vois pas comment le dire autrement, vous roulez en voiture sans ceinture, a moto sans casque ? Vous couchez avec des inconnus sans préservatif ? Discours inconscient
Ce monsieur est totalement irresponsable, 70 % des chutes à deux roues , vélo et moto inclus ont un impact à la tête….comment peut on être aussi ignare. Pour ma part ,c’est casque intégral à moto et casque mips à vélo. La base
Sans casque, même à l’arrêt, une chute peut être mortelle.
Donc… Casque obligatoire.
D’ailleurs si on m’interdisait d’en porter un, je reviendrais tout mon matériel…
Le casque devrait être obligatoire pour tous.
5 à 6000 kms par an je ne sort jamais sans mon casque.
Dans le même esprit :
-Plus d’accidents graves en football américain qu’en rugby.
-Plus d’accidents graves sur les motos dotées d’ABS.
Les équipements de sécurité ne font que malheureusement repousser les limites de prises de risque.
Après qu’un camion de livraison m’a percuté il y a quinze ans et deux semaines, mon casque, cassé en deux, a fait son office.
Il y avait beaucoup moins de vélos à l’époque. Mais déjà des livreurs pressés peu conscients de la largeur de leurs véhicules et des distances de sécurité.
Quand je vois tous ces imbéciles en ville qui roulent tête nue, je plains leurs proches quand on leur annoncera la mauvaise nouvelle.
On ne lance pas les dès, quand on fait du vélo. On ne joue pas avec sa vie
En revanche, se montrer courtois avec des automobilistes, monter sur un trottoir ou s’arrêter pour leur faire signe de passer quand on voit qu’on les retarde, ça détend l’atmosphère et ça permet d’humaniser nos rapports avec eux. Et avec nous même, automobilistes à l’occasion.
Je suis bien d accord avec Etienne.
Pour ma part je roule toujours avec casque pour les sorties sportives et surtout pour les trajets en ville.
Dans une ville comme nantes je trouve çà très chaud de circuler à vélo ( ce que je fais tous les jours) et il faut de l expérience
pour anticiper l environnent…
Je suis souvent agacé de voir trop de cyclistes ( de tous ages) griller les feus, sans casque , vêtus de noir et sans lumière….
Bref ils prennent beaucoup de risques en complète insouciance.
Mettez votre casque
Pour ma part je porte un casque tous le temps et ci je l’oublie je fait demis tour pour récupérer mon casque chacun et libre de faire ce qui veux