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Perché à 780 mètres d’altitude dans le massif du Jura, le Col du Berthiand se dresse comme un défi accessible aux cyclistes en quête d’une ascension authentique. Classé en 2ème catégorie par le Tour de France, ce col offre deux versants aux caractères bien distincts : l’un abrupt et exigeant depuis Serrières-sur-Ain, l’autre plus clément depuis Nurieux-Volognat. Entre panoramas sur la vallée de l’Ain et passages dans les forêts jurassiennes, le Berthiand constitue une porte d’entrée idéale vers les défis cyclistes de cette région préservée.
Le Berthiand dévoilé : portrait d’un col à double visage
Niché dans le département de l’Ain, le Col du Berthiand tire son nom de « Bertoldingos », signifiant « avec les Bertoldingi », dérivé du patronyme Bertoald. Cette ascension de moyenne montagne offre un condensé des paysages jurassiens tout en restant accessible aux cyclistes intermédiaires.
Deux versants, deux défis distincts
Le versant ouest depuis Serrières-sur-Ain s’étire sur 6 kilomètres avec un dénivelé de 460 mètres. Sa pente moyenne de 7,67% cache des passages nettement plus sévères atteignant 15%. C’est l’approche la plus exigeante, réservée aux cyclistes bien préparés.
Le versant est depuis Nurieux-Volognat propose une ascension plus douce sur 5 kilomètres. Avec 298 mètres de dénivelé et une pente moyenne de 5,96%, il reste accessible aux cyclistes débutants, malgré quelques passages à 16% qui demandent un effort soutenu.
Un col au cœur du Jura authentique
Situé sur la Montagne de Berthiand, ce col offre un panorama saisissant sur la vallée de l’Ain et les reliefs environnants. Sa position stratégique en fait un point de passage idéal pour découvrir le Haut-Bugey et ses lacs préservés.
Dans les roues des champions : l’histoire cycliste du Berthiand
Bien que moins célèbre que certains géants alpins, le Col du Berthiand possède une histoire cycliste riche qui remonte aux années 1950, lorsque le légendaire Charly Gaul s’y illustrait déjà.
Les premières conquêtes : Gaul ouvre la voie
C’est dans le Circuit des Six-Provinces en 1954 que le « Grimpeur Ailé » luxembourgeois Charly Gaul marque de son empreinte le Berthiand. L’année suivante, lors du Tour des provinces du Sud-Est, il confirme sa maîtrise de cette ascension jurassienne.
Le Berthiand dans la Grande Boucle
Le Tour de France découvre officiellement le col en 1991, lors de la 20ème étape. C’est l’Italien Claudio Chiappucci qui franchit le sommet en tête, ajoutant son nom à l’histoire du lieu. Le col réapparaît ensuite en 2002 (Jörg Jaksche premier au sommet), en 2006 (Sylvain Calzati) et en 2016 (Rafał Majka).
Le versant ouest : l’ascension sauvage depuis Serrières-sur-Ain
Véritable défi pour les amateurs de pentes soutenues, le versant ouest offre une montée progressive en difficulté qui culmine dans ses derniers kilomètres.
Les premiers kilomètres : la mise en jambes trompeuse
Les deux premiers kilomètres depuis Serrières-sur-Ain proposent une pente moyenne d’environ 6%. Cette section relativement clémente permet de s’échauffer progressivement tout en admirant les premiers panoramas sur la vallée de l’Ain.
Conseil technique : conservez 20% de votre énergie pour la suite, cette mise en jambes cache un piège classique pour les cyclistes trop enthousiastes.
Le cœur de l’ascension : quand la pente s’affirme
Entre les kilomètres 2 et 4, la pente se redresse significativement pour atteindre 9% de moyenne. C’est ici que l’ascension révèle son vrai visage, avec une route qui serpente à travers les forêts jurassiennes.
La régularité devient votre meilleure alliée sur ce segment où chaque virage peut cacher une rampe plus sévère.
Le final exigeant : l’épreuve des 15%
Les deux derniers kilomètres constituent le véritable juge de paix de l’ascension. Avec une pente moyenne de 8% et des passages atteignant 15%, cette section met à l’épreuve même les grimpeurs aguerris.
La récompense est à la hauteur de l’effort : un panorama spectaculaire sur les monts du Jura et la vallée de l’Ain s’offre progressivement à vous.
Le versant est : l’approche accessible depuis Nurieux-Volognat
Plus clément mais non dénué de caractère, le versant est constitue une excellente introduction aux cols jurassiens pour les cyclistes moins expérimentés.
Un début en douceur pour se mettre en confiance
Les deux premiers kilomètres depuis Nurieux-Volognat proposent une pente régulière d’environ 5%. Cette section permet d’adopter un rythme confortable et de s’acclimater progressivement à l’effort.
La route, bien entretenue, serpente à travers des paysages alternant forêts et prairies typiques du Haut-Bugey.
Le passage clé : affronter le mur à 16%
Entre les kilomètres 2 et 3,5, la route réserve sa principale surprise avec une section à 8% de moyenne incluant un passage redoutable à 16%. C’est le moment critique de l’ascension qui nécessite une gestion précise de l’effort.
Conseil technique : anticipez ce passage en conservant des réserves et n’hésitez pas à adopter une position plus avancée sur la selle pour maintenir l’adhérence de la roue arrière.
La récompense finale : une arrivée en douceur
Les 1,5 derniers kilomètres offrent un répit bienvenu avec une pente s’adoucissant à 5,2% de moyenne. Cette section permet de récupérer et d’apprécier les premiers panoramas qui s’ouvrent progressivement.
L’arsenal du grimpeur : s’équiper pour conquérir le Berthiand
Le Col du Berthiand, avec ses passages à 15-16%, nécessite un équipement adapté pour transformer le défi en plaisir, quelle que soit votre expérience.
Le vélo idéal : légèreté et développements adaptés
Un vélo de route classique constitue le choix optimal pour cette ascension au revêtement généralement bon. Pour les passages les plus pentus, privilégiez un braquet minimum de 34×32 pour les cyclistes débutants ou intermédiaires (développement d’environ 34.5 pouces), tandis que les grimpeurs confirmés pourront se contenter d’un 34×30.
Les pneus de 25-28 mm offrent le meilleur compromis entre rendement et confort sur cet itinéraire. En cas de pluie, optez pour des sections plus larges (32 mm) pour une meilleure adhérence.
La technique d’ascension optimale : cadence et position
Maintenez une cadence entre 70 et 90 RPM pour optimiser votre flux sanguin et l’efficacité musculaire. Sur les passages dépassant 10% de pente, n’hésitez pas à vous mettre en danseuse pour utiliser efficacement votre poids corporel.
Sur le versant ouest, adoptez un pacing constant pour gérer les 6 kilomètres d’effort. Sur le versant est, préparez-vous spécifiquement pour la section difficile entre les kilomètres 2 et 3,5.
Hydratation et nutrition : le carburant de l’ascension
Emportez au minimum 1 à 1,5 litre d’eau, éventuellement enrichie d’électrolytes en cas de forte chaleur. L’ascension durant moins d’une heure pour la plupart des cyclistes, une barre énergétique consommée 30 minutes avant le départ suffira généralement.
À la découverte des trésors cachés autour du Berthiand
Le Col du Berthiand ne se résume pas à son ascension. Il constitue la porte d’entrée idéale vers un territoire riche en découvertes naturelles et patrimoniales.
Le circuit des lacs : une boucle d’exception
Pour transformer votre ascension en véritable aventure cyclotouristique, intégrez le Berthiand dans un circuit de 86 km traversant les plus beaux paysages du Haut-Bugey. Cette boucle au départ de Nurieux-Volognat vous mènera successivement au lac de Nantua, au lac de Sylans et au lac Genin, surnommé le « Petit Canada » pour ses paysages évocateurs.
Avec 1410 mètres de dénivelé cumulé, ce parcours représente une journée complète de vélo (4-6h) accessible aux cyclistes intermédiaires.
Les joyaux naturels à ne pas manquer
À seulement 10 km du col, le lac de Nantua offre un cadre apaisant pour une pause bien méritée. Plus sauvages, les gorges de l’Ain à 15 km présentent des paysages spectaculaires sculptés par la rivière.
Le lac Genin, situé à 25 km du col, constitue un détour incontournable pour les amateurs de nature préservée. Ce lac de montagne niché en forêt offre un cadre idyllique, particulièrement apprécié en été.
Patrimoine et gastronomie locale
Ne manquez pas la chapelle de Mornay, édifice religieux du XIe siècle visible depuis l’extérieur à environ 5 km du col. Pour reprendre des forces, le restaurant Au bord du lac à Nantua propose des spécialités régionales, notamment les fameuses quenelles, dans un cadre accueillant pour les cyclistes.
Informations pratiques : planifier votre conquête du Berthiand
Quand partir : la saisonnalité optimale
La période idéale s’étend de mai à octobre, avec une préférence pour juin et septembre qui offrent des températures clémentes et un trafic routier modéré. Évitez absolument l’hiver (novembre à mars) en raison des risques de verglas et de neige.
Pour une expérience optimale, privilégiez un départ matinal (avant 10h) pour éviter la chaleur estivale et profiter de la lumière douce sur les paysages.
Où se loger et s’équiper
L’Hôtel de la Gare à Nurieux-Volognat offre un hébergement pratique avec stationnement sécurisé pour les vélos. Pour les amateurs de plein air, le Camping du lac à Nantua propose un cadre naturel agréable à proximité directe du lac.
En cas de problème mécanique, Cycles Burtin à Nantua assure réparation et location de vélos (fermé le lundi).
Accès et logistique
La gare SNCF de Nurieux-Volognat constitue un point d’accès idéal, bien que la capacité d’embarquement des vélos soit limitée. Consultez les horaires SNCF à l’avance pour planifier votre voyage.
Pour les cyclistes motorisés, des stationnements gratuits sont disponibles à Nurieux-Volognat et Serrières-sur-Ain, points de départ recommandés pour l’ascension.
L’appel du Jura : pourquoi le Berthiand mérite votre visite
Le Col du Berthiand représente bien plus qu’une simple ascension : c’est une porte d’entrée vers l’authenticité jurassienne. Accessible sans être banal, exigeant sans être intimidant, il offre cette rare combinaison qui satisfait tant les chasseurs de cols que les amoureux de beaux paysages. Que vous choisissiez son versant sauvage ou son approche plus douce, le Berthiand vous récompensera par des panoramas saisissants et la fierté d’avoir conquis un col qui a vu passer les plus grands champions du Tour.
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