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« Les jeunes ne font plus de vélo. » Ce refrain revient constamment. Pourtant, les études récentes racontent une histoire plus nuancée. Oui, les 15-25 ans pédalent moins que leurs aînés au même âge. Mais non, ils n’abandonnent pas le vélo. Ils le pratiquent différemment.
Voici ce que les chiffres révèlent vraiment, loin des clichés.
📉 Un léger recul, mais pas un effondrement
Une étude internationale publiée dans The Lancet confirme que la pratique du vélo chez les jeunes a tendance à baisser depuis plusieurs décennies dans plusieurs pays occidentaux. L’effet générationnel est clair : les adolescents d’aujourd’hui pédalent moins que ceux des années 1990 au même âge.
En France, les chiffres fragmentaires vont dans le même sens. La part de cyclisme chez les jeunes n’augmente pas à la même vitesse que les autres modes de transport. Mais attention : cela ne signifie pas qu’ils désertent totalement le vélo.
Les jeunes roulent différemment. Trajets urbains plus courts, usage ponctuel pour les loisirs, adoption des VAE, combinaison avec les trottinettes électriques. Le vélo reste présent, mais il se transforme.
🚦 Pourquoi ce recul : trois raisons majeures
Premier facteur : la mobilité s’est diversifiée. Les adolescents et jeunes adultes disposent désormais d’un large éventail de moyens de déplacement. Scooters, trottinettes électriques, transports en commun gratuits ou subventionnés. Cette offre dilue mécaniquement la part du vélo.
Deuxième facteur : les infrastructures restent insuffisantes. Les études montrent que les jeunes citent massivement les conditions de sécurité comme facteur dissuasif. Pistes cyclables discontinues, carrefours dangereux, absence d’aménagements adaptés. Le vélo devient anxiogène plutôt que libérateur.
Troisième facteur : les styles de vie ont changé. Télétravail étudiant, éloignement domicile-études, vie numérique plus présente. Tout cela réduit la fréquence des trajets physiques. Certains jeunes choisissent simplement le bus ou la voiture partagée par commodité.
📈 Paradoxe : le vélo explose… chez les adultes
Dans le même temps, la pratique vélo bondit chez les adultes plus âgés. Les 30-60 ans adoptent massivement le VAE pour le loisir, le bien-être, ou le vélotaf. Une étude publiée dans The Lancet mentionne une forte croissance de l’usage du vélo dans cette tranche d’âge.
Résultat paradoxal : moins de jeunes sur les pistes urbaines, mais un parc vélo global en hausse grâce aux adultes. Le message « tout le monde roule moins » ne tient pas. La pratique se déplace vers d’autres générations.
Cette dynamique crée un effet de surprise : les villes investissent dans les infrastructures cyclables, mais les principaux bénéficiaires ne sont pas forcément les jeunes qui étaient historiquement les plus gros utilisateurs.
❌ Trois idées reçues à jeter immédiatement
Idée reçue n°1 : « Les jeunes n’aiment plus le vélo »
Faux. 58% des jeunes français de 18 à 28 ans déclarent rouler au moins une fois par semaine selon un rapport sur le tourisme à vélo. Ils roulent, mais autrement.
Idée reçue n°2 : « Le vélo est dépassé chez les jeunes »
Faux. Dans plusieurs villes, les équipements, infrastructures et subventions pour le vélo se renforcent. Les jeunes adoptent le vélo quand les conditions le permettent.
Idée reçue n°3 : « Il ne sert à rien d’investir dans le vélo pour les jeunes »
Discours erroné. C’est la fréquence et le type d’usage qui changent, pas l’absence totale d’usage. Adapter l’offre relance la pratique.
🔑 Comment ramener les jeunes sur les pistes : trois leviers concrets
Premier levier : infrastructures sécurisées et aménagements adaptés. Les jeunes ne roulent pas si les conditions ne garantissent pas leur sécurité. Pistes continues, carrefours protégés, stationnement sécurisé près des établissements scolaires. Sans cela, rien ne bouge.
Deuxième levier : communication ciblée qui parle aux jeunes. Mobilité urbaine, liberté, lifestyle, plaisir. Arrêter le discours utilitaire ou écologique moralisateur. Les jeunes adoptent le vélo quand il devient désirable, pas quand on leur explique qu’ils « devraient » le faire.
Troisième levier : programmes d’apprentissage et accompagnement. La formation « savoir rouler à vélo » dans les écoles françaises montre des résultats. Former tôt, accompagner les premières sorties en autonomie, créer des clubs vélo dans les établissements.
🎯 Le vélo comme liberté, pas comme transport utilitaire
Les jeunes les plus engagés dans la pratique du vélo sont ceux qui le voient comme un espace de liberté et d’autonomie. Pas comme un simple moyen de transport pour aller en cours. Le vélo devient intéressant quand il permet de sortir, d’explorer, de rejoindre des amis.
Cette distinction est cruciale. Les politiques publiques qui traitent le vélo uniquement sous l’angle du transport domicile-travail ratent une partie importante de la motivation des jeunes. Le plaisir et la découverte comptent autant que l’efficacité.
🏁 Vigilance nécessaire, panique inutile
Oui, les jeunes pédalent globalement moins qu’avant à un même âge. Non, ils ne désertent pas le vélo. Ils l’adoptent sous d’autres formes, dans d’autres contextes, avec d’autres attentes. Cette nuance change tout.
La vraie question reste : comment faire en sorte que ce mode reste attrayant, pratique et fréquent pour eux ? Pour les cyclistes, les éducateurs et les acteurs urbains, le défi est de proposer un vélo adapté, sûr et fun.
Tant que cette équation tient, la génération suivante peut encore devenir celle du vélo. Mais à sa façon, pas à celle de leurs parents.
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