Lanterne Rouge du Tour : comment ce titre honorifique transforme la vie des coureurs

Dans la grande caravane du Tour de France, il y a les sprinters qui filent comme l’éclair, les grimpeurs qui dansent sur les pédales, et puis… il y a la Lanterne Rouge.

Ce titre, aussi paradoxal qu’emblématique, couronne celui qui franchit la ligne d’arrivée en dernière position.

Mais ne vous y trompez pas, être la Lanterne Rouge du Tour, c’est tout sauf une promenade de santé.

C’est une épopée faite de sueur, de courage et parfois même de stratégie. Alors, attachez vos cale-pieds, on embarque pour un voyage au cœur de l’histoire des héros de l’ombre du Tour de France !

La naissance d’une légende : aux origines de la Lanterne Rouge

La Lanterne Rouge tire son nom des feux rouges accrochés à l’arrière des trains au début du XXe siècle.

Depuis 1903, date de la première édition du Tour de France, ce titre honorifique est devenu partie intégrante du folklore de la Grande Boucle. Comme le dit si bien Patrick Lefevere, directeur sportif chevronné :

« La Lanterne Rouge est un symbole de courage et de détermination. C’est un titre qui n’est pas donné, il est gagné par ceux qui se battent jusqu’au bout. »

Le club très fermé des triples Lanternes Rouges

Être Lanterne Rouge une fois, c’est déjà un exploit. Mais que dire de ceux qui ont réussi ce tour de force à trois reprises ? Ils ne sont que deux dans l’histoire du Tour à avoir décroché ce triplé peu commun :

  • Wim Vansevenant (2006, 2007, 2008)
  • Daniel Masson (1922, 1923, 1926)

Ces coureurs ont fait preuve d’une constance dans l’adversité qui force le respect. Ils ont pédalé jour après jour, étape après étape, avec la même détermination que le maillot jaune, mais à l’autre bout du classement.

Quand la dernière place devient un enjeu stratégique

En 1979, le Tour de France a été le théâtre d’une bataille inattendue pour la dernière place. Gerhard Schönbacher et Philippe Tesnière se sont livrés à un duel acharné pour décrocher le titre de Lanterne Rouge.

Tesnière est allé jusqu’à ralentir volontairement dans la dernière étape, espérant terminer dernier.

Malheureusement pour lui, cette tactique lui a valu une disqualification pour dépassement du délai d’arrivée. Une stratégie qui aurait pu faire sourciller même les plus fins tacticiens du vélo de course !

La Lanterne Rouge, un business lucratif ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, terminer dernier du Tour peut s’avérer financièrement intéressant.

Les critériums post-Tour, ces courses exhibition organisées dans les semaines suivant la Grande Boucle, offrent souvent des primes alléchantes aux Lanternes Rouges.

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C’est un peu comme si le dernier de la classe devenait soudain la star de la récré !

Le jour où les organisateurs ont voulu « éteindre » la Lanterne Rouge

En 1980, face à l’intérêt grandissant pour la Lanterne Rouge, les organisateurs du Tour ont décidé de prendre des mesures drastiques.

Ils ont instauré une règle éliminant le dernier coureur à chaque étape entre la 14e et la 20e. L’objectif ? Réduire l’attention médiatique autour de ce titre.

Mais c’était sans compter sur la ténacité de Gerhard Schönbacher, qui a réussi l’exploit de terminer dernier malgré cette règle !

Lawson Craddock : la Lanterne Rouge qui a illuminé le Tour 2018

L’édition 2018 du Tour a vu naître une Lanterne Rouge d’exception en la personne de Lawson Craddock. Victime d’une chute dès la première étape, le coureur américain s’est fracturé l’omoplate.

Plutôt que d’abandonner, il a décidé de continuer, devenant ainsi le premier coureur de l’histoire à terminer dernier de toutes les étapes.

Craddock a transformé son malheur en une opportunité de collecter des fonds pour reconstruire le vélodrome de Houston, détruit par un ouragan. Une belle leçon de résilience qui rappelle que le cyclisme, comme la vie, est parfois une question de stratégie et de mental.

Les Lanternes Rouges qui ont brillé par la suite

Être Lanterne Rouge ne signifie pas forcément la fin d’une carrière. Certains coureurs ont utilisé cette expérience comme un tremplin pour rebondir spectaculairement.

C’est le cas de Sam Bennett, Lanterne Rouge en 2016, qui a ensuite remporté le maillot vert du meilleur sprinter en 2020. Une progression fulgurante, passant du dernier wagon à la locomotive du train de la victoire !

La Lanterne Rouge dans la culture populaire

Au fil des années, la Lanterne Rouge est devenue bien plus qu’un simple classement. Elle a inspiré des livres, des documentaires et même des expressions dans le langage courant. Comme le souligne Bill Strickland, auteur passionné :

« Finir dernier au Tour de France, c’est une distinction qui peut être plus précieuse que de finir premier. C’est une histoire qui mérite d’être racontée. »

La Lanterne Rouge est devenue un symbole de persévérance, rappelant que dans le sport comme dans la vie, l’important n’est pas toujours de gagner, mais de ne jamais renoncer.

Les astuces des Lanternes Rouges pour survivre au Tour

Comment fait-on pour terminer un Tour de France en dernière position ? Les Lanternes Rouges ont développé leurs propres techniques de survie :

  • Économiser son énergie en restant à l’arrière du peloton
  • Maîtriser l’art du « gruppetto », ce groupe de retardataires qui s’entraide
  • Connaître parfaitement les délais d’élimination pour ne pas se faire piéger
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Ces astuces pourraient presque s’appliquer au cyclisme urbain, où la gestion de l’effort est aussi cruciale que dans une étape de montagne !

La Lanterne Rouge, un titre convoité ?

Bien que terminer dernier ne soit pas l’objectif initial des coureurs, certains en ont fait leur spécialité. Wim Vansevenant, triple Lanterne Rouge, expliquait sa « stratégie » :

« Je ne cherche pas à finir dernier, mais je sais que mon rôle d’équipier me pousse souvent à l’arrière du peloton. Si je peux en tirer un avantage en termes de notoriété, pourquoi pas ? »

Une approche pragmatique qui montre que dans le cyclisme, chaque position a son importance.

L’avenir de la Lanterne Rouge : entre tradition et évolution

À l’ère des réseaux sociaux et du cyclisme 2.0, quel avenir pour la Lanterne Rouge ? Les organisateurs du Tour cherchent un équilibre entre le respect de cette tradition et la volonté de mettre en avant la performance.

Peut-être verrons-nous un jour un maillot spécial pour la Lanterne Rouge, à l’instar du maillot à pois du meilleur grimpeur ? En attendant, ce titre continue de fasciner les fans de cyclisme, rappelant que chaque coureur qui termine le Tour est un héros, qu’il soit premier ou dernier.

La Lanterne Rouge du Tour de France, c’est bien plus qu’une simple position au classement. C’est une ode à la persévérance, un hymne à ceux qui refusent d’abandonner malgré l’adversité.

Dans un monde obsédé par la victoire à tout prix, n’est-ce pas là une leçon de vie inestimable ?

Alors, la prochaine fois que vous enfourcherez votre vélo, que ce soit pour une randonnée ou pour tester vos nouvelles pédales automatiques, souvenez-vous : dans le cyclisme comme dans la vie, l’important n’est pas toujours d’arriver premier, mais de ne jamais cesser d’avancer.

Thibault
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