À lire aussi
Le week-end dernier, en France, la course en ligne élite masculine des Championnats d’Europe a livré un résultat aussi inattendu que spectaculaire : sur les 97 coureurs au départ, seuls 17 ont rallié la ligne d’arrivée.
À première vue, rien d’anormal : Tadej Pogačar, tout juste sacré champion du monde, a de nouveau dominé la concurrence. Remco Evenepoel, grand favori des bookmakers, a pris la deuxième place. Rien de surprenant jusque-là… jusqu’à ce qu’on remarque que la liste des résultats s’arrête brusquement après le 17ᵉ nom.
Un parcours d’une difficulté extrême
Cette édition 2025 proposait l’un des tracés les plus exigeants de ces dernières années : 3 306 mètres de dénivelé positif sur 202 km. Une véritable épreuve de montagne. À titre de comparaison, les trois éditions précédentes affichaient des profils beaucoup plus doux :
- 2024 : 1 200 m de dénivelé, 79 coureurs à l’arrivée
- 2023 : 700 m de dénivelé, 87 finishers
- 2022 : 1 300 m de dénivelé, 125 finishers
Il faut remonter à 2021, avec 3 400 m de dénivelé, pour retrouver une hécatombe comparable : seulement 31 arrivants cette année-là.
Un format en boucle propice aux abandons
Mais le relief ne fait pas tout. La course se déroulait en grande partie sur un circuit de 150 km de boucles finales, ce qui facilitait les abandons : les coureurs hors course, fatigués ou ayant accompli leur travail d’équipier pouvaient rejoindre plus facilement les bus de leur sélection. Dans ce contexte, beaucoup ont préféré s’arrêter plutôt que de boucler l’épreuve sans enjeu.
Un calendrier mal placé
Autre explication : le calendrier. Habituellement organisés en août ou septembre, les Championnats d’Europe précèdent les Mondiaux. Cette année, ils se tenaient juste après, à plus de 6 000 km de distance.
Sur les 34 coureurs ayant enchaîné les deux compétitions, seuls six ont réussi à terminer les deux : Pogačar, Evenepoel, Paul Seixas, Pavel Sivakov, Juan Ayuso et Toms Skujiņš. Pour les autres, la fatigue du voyage et la fin de saison ont eu raison des jambes.
Des équipiers sans raison d’aller au bout
Les Championnats d’Europe se courent par équipes nationales, ce qui change la dynamique de course. Les équipiers se mettent au service de leurs leaders et, une fois leur mission accomplie, n’ont souvent aucune raison de poursuivre jusqu’à l’arrivée.
Le phénomène est courant : lors des Mondiaux au Rwanda, seuls 30 des 164 partants avaient terminé – une proportion presque identique à celle observée ce dimanche.
Peu d’incitation à finir la course
Enfin, le système de points UCI n’a pas aidé. Terminer 18ᵉ ne rapportait que 5 points UCI – soit autant qu’une 51ᵉ place sur une étape du Tour Down Under. À titre de comparaison, une 18ᵉ place aux Mondiaux en rapporte 45.
Face à ces récompenses dérisoires, beaucoup ont préféré abandonner plutôt que puiser dans leurs dernières forces pour quelques points symboliques.
Une saison qui touche à sa fin
À ce stade de la saison, entre la fatigue accumulée, l’absence d’enjeu et les difficultés du parcours, les abandons sont compréhensibles. Comme l’a résumé Jonas Vingegaard, lui-même contraint à l’abandon à 80 km de l’arrivée : « J’espérais mieux, mais parfois, ce n’est tout simplement pas ton jour. »
Pour beaucoup, il est déjà temps de tourner la page et de préparer la saison prochaine. Après tout, dans le cyclisme, les places mineures sont vite oubliées…
- Serre-Ponçon à vélo : 90 km de pur vertige entre lacs, sommets et villages suspendus - 6 novembre 2025
- Cyclistes vs trottoirs : une loi pourrait bientôt trancher - 6 novembre 2025
- Vous récupérez mal ? Le signe caché que votre corps n’assimile plus vos sorties - 6 novembre 2025




Publications similaires