80 km de pur bonheur : la boucle la plus sous-côtée de France est dans le Jura

Il y a des itinéraires dont personne ne parle. Pas parce qu’ils sont inintéressants, mais parce qu’ils n’ont pas besoin de pub. La boucle du Jura des Lacs en fait partie. 80 kilomètres d’évasion pure entre Clairvaux-les-Lacs, les cascades du Hérisson et le lac de Bonlieu. Un parcours si calme, si beau, qu’on a l’impression d’être le premier à le découvrir.

Ce matin-là, j’enfourche mon vélo au bord du lac de Clairvaux. L’air est frais, la lumière pâle accroche les reflets turquoise de l’eau. Pas un bruit. Juste le crissement de mes pneus sur le bitume encore humide et le souffle de la forêt qui s’éveille.

🚴 Les premiers kilomètres : le silence du Jura

Dès la sortie du village, la route s’élève doucement. Les pins se referment, les sons s’étouffent. Je grimpe vers le plateau du Hérisson, seul sur la route. Une montée progressive, régulière, presque méditative. Loin du bruit des villes, c’est une parenthèse. Le Jura a ce talent : faire disparaître le monde autour de soi en quelques virages.

Après une vingtaine de kilomètres, j’entends le grondement sourd des cascades du Hérisson. Même de la route, le son est puissant. Je m’arrête au belvédère : une succession de chutes blanches fend la roche. L’eau ruisselle dans un vacarme hypnotisant. Le genre de moment où tu te rappelles pourquoi tu aimes rouler seul : pour sentir, voir, écouter, sans filtre.

🌊 Le lac de Bonlieu : miroir parfait de la forêt

Je poursuis jusqu’au lac de Bonlieu. La route y plonge entre les arbres avant de s’ouvrir sur une clairière. Le choc visuel est immédiat. Le lac s’étend devant moi, calme, bordé de falaises et d’érables flamboyants. Le miroir parfait. En automne, tout est doré, rouge, ocre. J’ai roulé dans les Alpes, en Ardèche, en Provence — mais ici, c’est la lumière qui fait tout. Une lumière douce, enveloppante, qui donne l’impression de flotter.

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Je m’assois un instant sur le muret, casque posé à côté. Le vent fait vibrer les feuilles. Une libellule passe au-dessus de l’eau. On oublie le kilométrage, le cardio, les watts. Juste être là, au bon endroit.

🌲 Étival : la montée tranquille vers les hauteurs

Le chemin reprend doucement vers Étival. Une montée régulière, un peu plus soutenue, mais jamais violente. Le compteur affiche 40 kilomètres. Le cœur bat fort, mais l’effort reste fluide. À chaque virage, un nouveau panorama : vallées profondes, villages isolés, clochers minuscules. Le Jura n’a pas besoin de grands sommets pour offrir des sensations. Ici, chaque colline raconte quelque chose.

Arrivé à Étival, j’aperçois la crête boisée, baignée d’un soleil doré. C’est le point culminant du parcours. Le vent se lève, frais et sec. La descente vers Clairvaux s’annonce comme une récompense.

🏞️ La descente vers le bonheur

Je me lance. Les virages s’enchaînent, fluides, larges. Les arbres filent à toute vitesse, les reflets du lac apparaissent entre deux trouées. Cette portion est un pur plaisir de pilotage : 10 kilomètres de descente parfaite. Pas une voiture, pas une bosse. Le genre de moment où tout s’aligne — le vélo, la route, la lumière, le corps.

Quand j’atteins Clairvaux-les-Lacs, le soleil commence à descendre. La lumière devient orangée, presque liquide. Je roule le long du lac dans ce silence irréel. L’eau se teinte d’or. Je m’arrête. J’ai l’impression d’avoir vécu une journée entière, alors qu’il est à peine 16 heures.

🛠️ Mon itinéraire et mes conseils

  • Départ : Clairvaux-les-Lacs (parking gratuit, commerces, hébergements)
  • Distance : 80 km – dénivelé positif : environ 900 m
  • Parcours : Clairvaux → Cascades du Hérisson → Lac de Bonlieu → Étival → retour Clairvaux
  • Durée : 4 à 5 h à rythme loisir
  • Période idéale : mai à octobre (automne magique)
  • Type de vélo : route, gravel ou VAE avec pneus 28–35 mm
  • Équipement conseillé : feu arrière puissant (forêts sombres), veste coupe-vent légère, bidon bien rempli (peu de points d’eau)
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Le parcours est intégralement sur route. Le trafic est faible, les revêtements bons. On trouve quelques auberges et fromageries locales pour refaire le plein : le Comté fondant au retour, c’est presque obligatoire.

💬 Pourquoi cette boucle m’a marqué

Parce qu’elle ne ressemble à aucune autre. Pas de record à battre, pas de foule à doubler. Juste l’impression de rouler dans un décor encore intact. Le Jura des Lacs, c’est la France d’avant, celle du silence et des petites routes oubliées. Et pourtant, c’est à quelques heures de Lyon ou de Dijon.

À chaque sortie, je cherche ce mélange rare entre effort, beauté et apaisement. Ici, je l’ai trouvé. Cette boucle m’a rappelé pourquoi j’aime le vélo : pour cette sensation d’être vivant, ancré dans le présent, libre.

Thibault
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2 réflexions sur “80 km de pur bonheur : la boucle la plus sous-côtée de France est dans le Jura”

  1. MICHAEL RONKIN

    Pour admirer les Cascades du Hérisson, il faut laisser son vélo (bien cadenassé) en haut, sur le parking, et descendre plusieurs centaines de mètres à pied sur un sentier souvent glissant. Mais ça vaut le détour !

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