À lire aussi
En 1975, Bernard Thévenet réalise l’impensable en battant le légendaire Eddy Merckx sur le Tour de France. Cette victoire historique dans l’étape de Pra-Loup marque la fin d’une ère et propulse le jeune Français au rang de héros national. Retour sur l’ascension fulgurante d’un champion d’exception qui a marqué l’histoire du cyclisme.
Des débuts modestes à la gloire
Né le 10 janvier 1948 à Saint-Julien-de-Civry en Saône-et-Loire, Bernard Thévenet grandit dans une famille d’agriculteurs. Passionné de vélo dès son plus jeune âge, il développe sa force et son endurance en parcourant les routes vallonnées de sa Bourgogne natale. En 1970, à seulement 22 ans, il intègre l’équipe professionnelle Peugeot-BP-Michelin et se voit offrir une opportunité inattendue.
L’appel surprise pour le Tour 1970
Deux jours avant le départ du Tour de France 1970, Thévenet est appelé en dernière minute pour remplacer des coureurs malades dans l’équipe Peugeot. « Je n’étais même pas en réserve en 1970, mais, parce que deux coureurs dans l’équipe étaient tombés malades chez Peugeot, le directeur sportif m’a choisi, deux jours avant le départ », se souvient-il. Cette participation impromptue va marquer le début d’une carrière exceptionnelle.
La révélation à La Mongie
Le 14 juillet 1970, lors de la 10ème étape entre Bagnères-de-Bigorre et La Mongie, Thévenet crée la sensation. Le jeune Bourguignon s’impose en solitaire au sommet, reléguant le grand Joop Zoetemelk à 51 secondes. Cette victoire surprise, le jour de la fête nationale, propulse Thévenet sous les feux des projecteurs. « Ce soir-là, j’ai compris bien des choses. Que j’avais sauvé ma saison et, à cause de cela, mon travail », confiera-t-il plus tard.
Le duel historique avec Merckx
Entre 1970 et 1974, Bernard Thévenet progresse rapidement, enchainant les victoires d’étapes sur le Tour et terminant même 5ème du classement général en 1973, dominé par l’intouchable Eddy Merckx. Mais c’est en 1975 que le Français va entrer définitivement dans la légende.
La préparation minutieuse
Thévenet aborde le Tour 1975 avec une confiance nouvelle, forgée par sa victoire au Critérium du Dauphiné quelques semaines plus tôt. « J’avais gagné le Dauphiné que Merckx avait couru mais il avait été malade auparavant. Je l’avais relégué assez loin, et à partir de ce moment, j’avais gommé cette peur de lui. Je me sentais plus libre de l’attaquer », explique-t-il. Cette préparation mentale et physique va s’avérer décisive.
L’étape mythique de Pra-Loup
Le 13 juillet 1975, lors de la 15ème étape entre Nice et Pra-Loup, Bernard Thévenet réalise l’exploit qui va changer sa vie. Dans l’ascension finale, il parvient à décrocher Eddy Merckx, pourtant maillot jaune. Après 7h15’51 » d’effort, Thévenet franchit la ligne d’arrivée en vainqueur, reléguant le Belge à 58″. « Ce soir-là à Pra-Loup, j’ai réalisé que j’avais battu l’invincible. C’était presque irréel », confiera-t-il à L’Équipe. Merckx lui-même reconnaîtra : « Thévenet a fait aujourd’hui ce que personne n’avait réussi avant : me faire craquer dans la montagne. »
Le passage de témoin
Cette victoire à Pra-Loup marque symboliquement la fin de l’ère Merckx et le début d’une nouvelle époque pour le cyclisme français. Thévenet confirme sa suprématie le lendemain en s’imposant à nouveau à Serre-Chevalier. Il conserve le maillot jaune jusqu’à Paris, remportant son premier Tour de France. Félix Lévitan, directeur du Tour, résume ainsi l’importance de ce moment : « Il représentait l’espoir de tout un pays face à la machine Merckx. »
L’héritage Thévenet
La carrière de Bernard Thévenet ne s’arrête pas à cette victoire historique. En 1977, il remporte son deuxième Tour de France, confirmant son statut de leader du cyclisme français. Cependant, sa carrière connaît aussi des moments difficiles, notamment avec son admission d’usage de cortisone en 1979.
L’influence sur le cyclisme français
Malgré la controverse liée au dopage, Thévenet reste une figure inspirante pour toute une génération de cyclistes français. Son parcours, de jeune fermier à vainqueur du Tour, a motivé de nombreux jeunes à se lancer dans le cyclisme professionnel. Sa victoire sur Merckx a montré qu’il était possible pour un Français de battre les plus grands champions internationaux.
Les évolutions du sport
L’ère Thévenet coïncide avec une période de modernisation du cyclisme. Les équipes adoptent des stratégies plus élaborées, s’appuyant sur une meilleure compréhension de la physiologie et de la nutrition. L’introduction progressive de technologies comme les compteurs de puissance a permis une gestion plus précise des efforts des coureurs. La légende d’Eddy Merckx et celle de Thévenet illustrent cette transition vers un cyclisme plus scientifique et professionnalisé.
Les leçons pour l’avenir
L’histoire de Bernard Thévenet rappelle l’importance de la persévérance et de la préparation mentale dans le sport de haut niveau. Son admission concernant l’usage de cortisone a également contribué à une prise de conscience des dangers du dopage dans le cyclisme, ouvrant la voie à des contrôles plus stricts. Aujourd’hui, Thévenet continue de partager son expérience en tant que consultant pour France Télévisions, perpétuant son influence sur le cyclisme français.
Bernard Thévenet reste une figure emblématique du cyclisme français, symbole d’une époque charnière où l’histoire mythique du Tour de France dans les années 70 a connu un tournant décisif. Son duel avec Eddy Merckx s’inscrit parmi les grands duels historiques qui ont façonné le cyclisme, inspirant encore aujourd’hui les passionnés de la petite reine.
En terrassant le « Cannibale » Eddy Merckx lors du Tour 1975, Bernard Thévenet a non seulement écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du cyclisme français, mais il a aussi incarné le rêve de tout un pays. Son parcours, fait de triomphes éclatants et de moments difficiles, reste une source d’inspiration pour les générations futures de cyclistes, rappelant que avec de la détermination et du travail, il est possible de réaliser l’impossible.
- Les gorges du Tarn en version gravel : 70 km de falaises et d’échos - 8 novembre 2025
- Guidons limités, braquets bridés : l’UCI invente le vélo sous contrôle - 8 novembre 2025
- Rester fort sans sortir : le trio gagnant avant le grand froid - 8 novembre 2025










Puorqoui, quand B. Thévenet a gagné le Tour de France en 1975 parle-t’on pas du coup qu’ un insportif a donné à Eddy Merckx?