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Un défi entre générations
La ligne blanche défile sous ses yeux fatigués. Marc pédale depuis deux heures maintenant, le souffle court, les jambes en feu. Derrière lui, dans sa roue, son fils Thomas, 15 ans à peine, s’accroche. « Ça va Thomas ? » lance le père sans se retourner. Un grognement lui répond. Plus que trois kilomètres jusqu’au sommet du Mont Ventoux.
L’idée avait germé six mois plus tôt. Marc, 62 ans, avait surpris Thomas en train de regarder des vidéos du Tour de France. « Un jour, j’aimerais bien monter le Ventoux », avait murmuré l’adolescent. À cet âge où les ados préfèrent souvent leurs écrans, son fils lui offrait une opportunité en or. « Alors on s’entraîne et on y va cet été », avait-il proposé.
Le mythe du Ventoux, à leur rythme
Une ascension trompeuse au départ
Les premiers kilomètres depuis Bédoin sont trompeurs. La pente reste douce sous les platanes. Thomas suit facilement la roue de son père, bavardant encore. Marc dose son effort, sachant ce qui les attend. L’atmosphère est légère, presque joyeuse. Les cigales chantent, le soleil filtre à travers les branches.
Le vrai combat commence
Puis vient le virage de Saint-Estève. La route se cabre brutalement. 10% de pente. Le bavardage cesse. Marc entend la respiration de son fils s’accélérer derrière lui. « Reste dans ma roue, on va monter tranquille », conseille-t-il. Thomas se concentre sur la roue arrière de son père, hypnotisé par le mouvement régulier.
Dans la forêt, l’ascension devient un véritable défi. Neuf kilomètres et demi à près de 10% de moyenne. Marc maintient un rythme régulier, jetant des coups d’œil en arrière. Thomas souffre visiblement, les joues écarlates. « Accroche-toi, c’est normal que ce soit dur », encourage le père. Il ralentit imperceptiblement pour que son fils puisse suivre.
Le sommet comme un autre monde
Le Chalet Reynard apparaît enfin. 1417 mètres d’altitude. Ils s’arrêtent, partagent une barre de céréales. Thomas contemple le paysage lunaire au-dessus. « On dirait la lune », murmure-t-il. Plus d’arbres, que des pierres blanches. Le vent s’est levé, glacial malgré juillet.
Dans les rafales, Marc continue de mener. Son corps fait écran pour Thomas qui peine avec le vent latéral. « Ne lâche pas ma roue ! » crie-t-il par-dessus les bourrasques. Le père trace la route, le fils s’abrite. Un ballet silencieux où chaque coup de pédale compte.
L’instant suspendu
Le dernier virage en épingle. Marc sent Thomas faiblir derrière lui. Il ralentit encore, se met presque à l’arrêt. « Allez champion, plus que cinquante mètres ! » Thomas trouve un dernier souffle. Ils franchissent ensemble la ligne symbolique. Le panneau tant espéré : Mont Ventoux, 1912 mètres.
Thomas s’effondre presque dans les bras de son père. Marc le serre fort, ému aux larmes. « Tu l’as fait mon grand ! » Un cycliste leur propose de les photographier. Sur le cliché, on voit un père fier et un adolescent épuisé mais radieux. Cette image résume tout : la transmission, l’effort partagé, l’amour sans mots.
Pourquoi on aime souffrir à vélo
Dans cette souffrance partagée, une alchimie s’opère. Marc a guidé son fils jusqu’au sommet, comme il l’avait guidé pour ses premiers tours de roue. À 15 ans, Thomas découvre que certaines victoires se méritent dans la douleur. À 62 ans, Marc réalise que transmettre sa passion est sa plus belle victoire.
Tandis que Pogačar explose les records en 54 minutes, Marc et Thomas ont mis près de trois heures. Mais peu importe. Ce jour-là, un père a montré le chemin et un fils a prouvé qu’il pouvait le suivre jusqu’au bout. Alors, qui emmèneriez-vous dans votre roue jusqu’aux 1912 mètres du mythe provençal ?
Nos réponses à vos questions sur le Mont Ventoux
Quelle est la difficulté de l’ascension par Bédoin ?
L’ascension depuis Bédoin est longue de 21,5 km avec un dénivelé positif de 1610 m. Les 9 km après Saint-Estève sont à près de 10 % de moyenne, ce qui en fait l’un des défis les plus redoutés de France.
Quel est le meilleur moment pour grimper le Mont Ventoux ?
Les mois de mai à septembre sont les plus populaires. Il est conseillé de partir tôt le matin pour éviter la chaleur et le vent, fréquent dans la dernière portion entre le Chalet Reynard et le sommet.
Faut-il être un cycliste expérimenté pour tenter cette montée ?
Non, mais une bonne préparation est nécessaire. Des amateurs bien entraînés peuvent tout à fait y parvenir à leur rythme. Il est conseillé de grimper en douceur, de s’hydrater, et de connaître les particularités du parcours.
Pourquoi cette ascension est-elle si symbolique ?
Parce qu’elle combine effort extrême, paysage unique et aura mythique liée au Tour de France. Le Ventoux est plus qu’une montagne : c’est un rite de passage pour de nombreux cyclistes.
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