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La question fait débat dans tous les pelotons : pourquoi pédaler à 30 km/h semble aussi dur que courir à 10 km/h ? Cette équivalence mystérieuse cache des mécanismes biomécaniques fascinants qui révèlent pourquoi un cycliste file trois fois plus vite qu’un coureur pour le même effort ressenti. Décryptage d’un paradoxe qui intrigue sportifs et scientifiques.
Lors de mon dernier duathlon, j’ai vécu cette équivalence dans ma chair. Après 10 km de course à 10 km/h, j’ai enchaîné 30 km de vélo à 30 km/h. Surprise : la fatigue ressentie était étrangement similaire, malgré la différence de vitesse abyssale. Cette expérience personnelle illustre parfaitement ce phénomène contre-intuitif que nous allons explorer.
Le ratio magique 1:3 qui gouverne l’endurance
L’équivalence repose sur un principe simple : pour une dépense énergétique comparable, il faut parcourir trois fois plus de distance à vélo qu’en course à pied. Ce ratio 1:3 constitue la pierre angulaire de la planification d’entraînement en triathlon. Un kilomètre couru équivaut énergétiquement à trois kilomètres pédalés.
La biomécanique explique cette différence spectaculaire. En course à pied, chaque foulée exige de propulser l’intégralité du poids corporel contre la gravité. Le corps subit des impacts répétés équivalents à 2,5 fois son poids. À vélo, la machine porte le cycliste, les roues roulent, et l’effort se concentre uniquement sur la propulsion horizontale. Cette économie mécanique permet d’aller plus vite pour la même dépense énergétique.
« Le vélo transforme l’homme en centaure mécanique : trois fois plus rapide pour le même effort. La course reste l’expression brute de la lutte contre la gravité. »
La puissance révèle la vérité cachée
Les capteurs de puissance modernes permettent enfin de quantifier précisément cette équivalence. Un coureur de 70 kg maintenant 10 km/h développe environ 200 watts. Le même athlète devra produire une puissance similaire pour maintenir 30 km/h sur le plat à vélo. La vitesse triple, mais la puissance reste identique !
Cette apparente magie s’explique par la résistance aérodynamique. À vélo, 80% de l’énergie combat la résistance de l’air au-delà de 25 km/h. Cette résistance augmente au cube de la vitesse : doubler sa vitesse nécessite huit fois plus de puissance ! En course à pied, la vitesse reste suffisamment basse pour que l’air ne soit qu’un facteur secondaire.
Le piège des comparaisons simplistes
Attention aux raccourcis trompeurs ! Un cycliste amateur pédalant tranquillement à 20 km/h ne fournit qu’environ 100 watts, soit moitié moins qu’un coureur à 10 km/h. L’équivalence n’est valable qu’à intensité d’endurance comparable, généralement autour de 70% de la fréquence cardiaque maximale.
La cadence, variable cachée de l’équation
La cadence de pédalage modifie radicalement l’équivalence. À 90-100 tours/minute, cadence optimale des cyclistes entraînés, l’effort devient plus cardiovasculaire et se rapproche de la course. À 60 tours/minute, l’effort musculaire prédomine, s’éloignant de la biomécanique de la course.
J’ai expérimenté cette différence lors d’une sortie en montagne. En moulinant à 95 rpm dans une côte, ma fréquence cardiaque grimpait comme en course à pied. En force à 65 rpm sur le même pourcentage, mes quadriceps brûlaient mais mon cœur restait plus calme. Deux efforts différents pour la même vitesse d’ascension !
L’altitude change tout
En montagne, l’équivalence explose. Grimper à 10 km/h à vélo dans une pente à 8% demande 300 watts pour notre cycliste de 70 kg. L’équivalent course ? Impossible à maintenir plus de quelques minutes ! La gravité reprend ses droits et bouleverse tous les calculs.
Les pièges de cette équivalence pour l’entraînement
Nombreux sont les sportifs qui appliquent aveuglément le ratio 1:3 sans nuancer. Un marathonien habitué à courir 40 km par semaine ne peut pas simplement remplacer par 120 km de vélo ! Les adaptations musculaires, tendineuses et osseuses diffèrent fondamentalement entre les deux disciplines.
La spécificité reste reine en entraînement. Le vélo développe prioritairement les quadriceps et améliore l’endurance cardiovasculaire sans impact. La course renforce l’ensemble de la chaîne postérieure et stimule la densité osseuse. Les deux se complètent mais ne se substituent jamais totalement.
Le transfert limité entre disciplines
Mon ami triathlète, excellent cycliste capable de maintenir 35 km/h sur le plat, peine à dépasser 12 km/h en course. Inversement, des coureurs élites peinent à tenir 25 km/h à vélo malgré leur VO2max stratosphérique. La spécificité musculaire limite drastiquement les transferts de performance.
L’équivalence 30 km/h vélo = 10 km/h course révèle la beauté de la physiologie sportive. Cette règle empirique, validée par des millions d’athlètes, illustre comment notre corps optimise différemment l’effort selon les contraintes mécaniques. Elle reste un guide précieux pour varier l’entraînement tout en respectant ses limites.
Gardez ce ratio en tête pour planifier vos séances, mais n’oubliez jamais : chaque discipline forge ses propres champions. Le vélo vous emmènera trois fois plus loin pour le même effort, mais la course vous connectera trois fois plus intensément à vos limites. À vous de choisir votre terrain de jeu, en sachant désormais pourquoi la vitesse n’est qu’une illusion quand on parle d’effort humain !
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