76 km à vélo entre falaises vertigineuses et villages perchés : l’itinéraire le plus spectaculaire de Provence

Il y a des routes où chaque virage fait battre le cœur un peu plus fort. Les gorges de la Nesque font partie de ces itinéraires qui vous laissent sans voix, suspendu entre ciel et pierre, avec le vide qui s’ouvre à plusieurs centaines de mètres sous les roues. J’ai roulé ces 76 kilomètres de boucle provençale par une journée d’octobre parfaite, quand la lumière embrase les falaises rouges et que l’air sent la lavande séchée.

Cette route taillée à flanc de falaise relie Villes-sur-Auzon à Sault en traversant l’un des canyons les plus spectaculaires de France. Moins connue que le Verdon, plus sauvage, plus accessible à vélo : c’est le secret le mieux gardé du Vaucluse.

Le choc visuel des premières falaises

Je suis parti de Villes-sur-Auzon au petit matin, quand les vignes et les oliveraies gardaient encore la fraîcheur de la nuit. Le village provençal s’éveillait doucement, quelques volets qui claquent, l’odeur du café qui s’échappe des maisons de pierre.

Très vite, la route s’élève doucement et l’ambiance change radicalement. Les premières falaises calcaires surgissent, blanches et ocres, sculptées par des millions d’années d’érosion. Puis la route s’enfonce littéralement dans la gorge, taillée à même la roche, suspendue au-dessus du vide.

Les tunnels creusés dans la falaise se succèdent. À chaque sortie, le paysage explose : des corniches aériennes, des à-pics vertigineux, le canyon qui plonge à 300 mètres de profondeur. J’ai dû m’arrêter plusieurs fois, incapable de continuer sans contempler ce spectacle brut.

Conseil sécurité : roulez tôt le matin ou en fin d’après-midi pour éviter les voitures et profiter pleinement des virages en corniche.

Monieux, le village accroché au néant

Après une vingtaine de kilomètres de montée progressive, Monieux apparaît comme une apparition. Ce village médiéval s’accroche littéralement à la falaise, ses maisons de pierre semblant défier la gravité. Les ruelles étroites serpentent entre les façades ocres, menant à des placettes ombragées où le temps semble arrêté.

J’ai posé le vélo pour grimper jusqu’à l’église perchée. De là-haut, la vue embrasse toute la vallée, les falaises qui se dressent de l’autre côté, le ruban de la route qui continue à serpenter. Quelques habitants traînent sur les bancs, habitués à voir passer des cyclistes émerveillés.

Lire aussi :  La Voie des Vignes : un voyage gustatif et culturel de 77km à vélo en Côte-d'Or

La pause café en terrasse s’imposait. Regarder le paysage en récupérant du dénivelé, échanger quelques mots avec les locaux qui connaissent chaque virage de cette route magique. Ces moments valent autant que les coups de pédale.

Sault et l’océan de lavande

Les derniers kilomètres jusqu’à Sault transforment complètement le décor. Les falaises s’estompent, remplacées par des plateaux ondulés où les champs de lavande s’étendent à perte de vue. En octobre, elles sont récoltées depuis longtemps, mais l’odeur persiste, portée par le vent.

L’arrivée à Sault marque le point culminant de la boucle. Cette capitale de la lavande domine toute la région, avec des vues qui s’étendent jusqu’au Mont Ventoux dont la silhouette massive se découpe à l’horizon. J’ai déjeuné sur une terrasse face à ce panorama, savourant des spécialités provençales après 38 kilomètres de grimpette.

Pour les gourmands : ne repartez pas sans avoir goûté le nougat artisanal de Sault, une tradition locale qui se perpétue depuis des générations.

La descente qui change tout

Le retour vers Villes-sur-Auzon offre un spectacle complètement différent. Rouler dans l’autre sens transforme les perspectives, révèle des détails invisibles à l’aller. Les falaises s’illuminent différemment, le Ventoux change de profil, les villages se découvrent sous un autre angle.

J’ai pris la variante par Saint-Hubert et Méthamis pour éviter de refaire exactement le même trajet. Cette petite route secondaire traverse une campagne provençale authentique : champs d’oliviers, mas isolés, forêts de chênes verts. Moins spectaculaire que les gorges, mais tout aussi belle dans sa simplicité.

La descente finale vers Villes-sur-Auzon file à travers les vignobles. Les jambes fatiguées apprécient enfin de rouler sans effort, portées par la pente et par le souvenir de cette journée exceptionnelle.

Étape Distance Temps estimé Points forts
Villes-sur-Auzon → Gorges ~20 km 1h30 – 2h Tunnels, falaises, belvédères
Monieux → Sault ~18 km 1h – 1h30 Village médiéval, lavandes
Retour Villes-sur-Auzon ~38 km 2h – 2h30 Vue Ventoux, descente panoramique
Total ~76 km 5h – 6h + pauses villages et photos

Ce que j’aurais aimé savoir avant

Cette boucle demande une bonne condition physique sans être extrême. Le dénivelé s’accumule progressivement, jamais de pentes impossibles, juste une montée régulière qui teste l’endurance. Un vélo de route convient parfaitement, la chaussée reste impeccable sur tout le parcours.

Lire aussi :  Le Danube, 289 km de pur bonheur de Vienne à Budapest : retracez la route des empereurs et des rois

L’accès en voiture depuis Avignon ou Carpentras prend moins d’une heure. Pas de train direct, il faut prévoir son propre vélo ou louer sur place dans les villages. Plusieurs loueurs proposent des vélos de route adaptés à ce genre de parcours.

  • Partez tôt : moins de voitures, lumière parfaite pour les photos des gorges.
  • Prévoyez de l’eau en quantité : peu de points de ravitaillement entre les villages.
  • Un coupe-vent s’impose : le vent peut souffler fort dans les gorges.
  • Octobre offre les meilleures lumières sur les falaises rouges.
  • Le belvédère du Castelleras mérite un arrêt prolongé, c’est le plus beau point de vue.

Pourquoi cette route reste gravée

Les gorges de la Nesque m’ont offert l’un de ces moments rares où le vélo transcende le simple sport. Suspendu au-dessus du vide, roulant à travers des tunnels creusés dans la roche, découvrant des villages hors du temps : chaque kilomètre composait une aventure complète.

Cette petite sœur du Verdon mérite amplement le détour. Moins fréquentée, plus accessible, tout aussi spectaculaire. Les falaises vertigineuses, les villages perchés, les panoramas sur le Ventoux et les champs de lavande créent un cocktail visuel inoubliable. Des semaines après, je repense encore à cette lumière dorée sur les falaises, à ce vertige contrôlé dans les virages en corniche, à cette sensation d’avoir découvert un trésor caché de la Provence.

Thibault
4.5/5 - (2 votes)

2 réflexions sur “76 km à vélo entre falaises vertigineuses et villages perchés : l’itinéraire le plus spectaculaire de Provence”

  1. Bravo pour cette magnifique description d’un endroit où j’ai eu la chance de rouler , vous m’avez réveillé de très beaux souvenir en décrivant votre balade.

    1. Jean Delandre

      Vous auriez pu faire la boucle Bedoin – Gorges de la Nesque – Sault- Chalet Reynard -(ou jusqu’au Ventoux)-Bedoin .
      Une journée apothéose.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *