Ce col dans le Jura offre une ascension HC confidentielle que les cyclistes locaux adorent

Niché dans les hauteurs du Jura français, le Col de la Biche se dresse comme un défi confidentiel que seuls les cyclistes avertis connaissent vraiment. Culminant à 1325 mètres d’altitude, ce col classé Hors Catégorie lors de sa première apparition sur le Tour de France en 2017 cache derrière son nom paisible l’une des ascensions les plus exigeantes de France. Avec ses pentes atteignant 12% et ses longues sections à 10% de moyenne, le Col de la Biche est un juge de paix impitoyable qui récompense pourtant généreusement ceux qui osent l’affronter par des panoramas exceptionnels sur les Alpes et le Mont-Blanc.

La carte d’identité d’un géant méconnu

Également connu sous le nom local de « Golet de la Biche » (golet signifiant « col » dans le dialecte jurassien), cette ascension se situe dans le département de l’Ain, sur le chaînon du Grand Colombier, dans le massif du Jura.

Un col aux deux visages

Le Col de la Biche propose deux versants aux caractéristiques bien distinctes :

  • Versant Ouest (depuis Brénaz) : 6,9 km à 9% de moyenne (790m de dénivelé)
  • Versant Est (depuis Gignez) : 13,2 km à 7,7% de moyenne (1019m de dénivelé)

Une histoire cycliste récente mais intense

Malgré sa difficulté remarquable, le Col de la Biche n’a fait son entrée dans le Tour de France qu’en 2017, classé Hors Catégorie, avec Primož Roglič passant en tête au sommet. Il est réapparu en 2020, classé cette fois en 1ère catégorie, avec Pierre Rolland franchissant le col en tête.

Un terrain d’entraînement privilégié

Très peu fréquenté par les voitures et les touristes, ce col est devenu un terrain d’entraînement prisé des cyclistes locaux qui apprécient son calme et ses pentes exigeantes. La route est fermée en hiver en raison de l’enneigement.

Le versant ouest : l’assaut brutal depuis Brénaz

L’ascension depuis Brénaz est la plus directe et la plus raide. Sur seulement 6,9 kilomètres, vous devrez surmonter 790 mètres de dénivelé, soit une pente moyenne implacable de 9%.

L’entrée en matière sans concession

Dès les premiers kilomètres, le col annonce la couleur avec une pente régulière autour de 9%. Les trois premiers kilomètres vous permettent de trouver votre rythme, mais n’offrent aucun répit avec un dénivelé d’environ 270 mètres.

Le cœur de l’ascension : là où les jambes parlent

Entre le kilomètre 3 et le kilomètre 6, vous affrontez la section la plus exigeante avec une pente moyenne frôlant les 10% et des passages à 12%. Ces trois kilomètres concentrent environ 400 mètres de dénivelé et constituent le véritable juge de paix de l’ascension.

L’approche finale : la récompense se mérite

Le dernier kilomètre offre une légère accalmie avec une pente moyenne de 7%, permettant d’apprécier progressivement le panorama qui se dévoile. Par temps clair, le Mont-Blanc et les sommets alpins apparaissent majestueusement à l’horizon.

Le versant est : le long défi depuis Gignez

Plus long mais légèrement moins pentu en moyenne, le versant est depuis Gignez s’étend sur 13,2 kilomètres avec un dénivelé impressionnant de 1019 mètres, soit une pente moyenne de 7,7%.

Les fondations de l’effort : les premiers kilomètres

Les quatre premiers kilomètres depuis Gignez présentent déjà une pente soutenue autour de 7,7%, avec des passages à 12%. Cette entrée en matière exigeante cumule environ 308 mètres de dénivelé et nécessite une gestion prudente de l’effort.

Le mur central : où se joue l’ascension

Entre le kilomètre 4 et le kilomètre 8 se concentre la section la plus difficile du versant est, avec une pente moyenne de 10% et des passages à 12%. Ces quatre kilomètres représentent environ 400 mètres de dénivelé et mettent à l’épreuve même les grimpeurs les plus aguerris.

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La dernière ligne droite : entre effort et récompense

Les cinq derniers kilomètres offrent un peu de répit avec une pente moyenne d’environ 6%. Une légère descente entre les kilomètres 12 et 13 permet même de récupérer avant l’ultime effort vers le sommet. Cette section finale cumule environ 311 mètres de dénivelé.

L’arsenal du grimpeur : s’équiper pour dompter la Biche

Face aux pentes exigeantes du Col de la Biche, l’équipement approprié fait toute la différence entre une ascension maîtrisée et un calvaire interminable.

Quel braquet choisir pour les pentes à 12% ?

Pour affronter sereinement les sections les plus raides, un développement adapté est indispensable :

  • Cyclistes confirmés : Un plateau de 34 dents associé à une cassette avec un pignon de 32 dents minimum
  • Cyclistes débutants ou intermédiaires : Privilégiez un plateau de 34 dents avec un pignon de 36 dents, voire un compact 34-28 avec cassette 11-36

Les pneus idéaux pour maximiser adhérence et rendement

Sur le revêtement généralement bon mais parfois irrégulier du Col de la Biche :

  • Pneus de 25 à 28 mm pour un équilibre optimal entre rendement et confort
  • Possibilité d’opter pour des 32 mm en cas de revêtement dégradé (vérifiez l’état avant de partir)
  • Pression légèrement inférieure à vos standards habituels pour améliorer l’adhérence dans les virages

La tenue adaptée aux variations de température

Même en été, les conditions peuvent changer rapidement en altitude :

  • Système de couches ajustables (maillot + manchettes + coupe-vent léger)
  • Gilet sans manches facilement rangeable dans la poche arrière
  • Gants longs recommandés pour la descente, même en été

Stratégie d’ascension : les clés pour conquérir le col

Comment gérer l’effort sur le versant ouest ?

L’ascension depuis Brénaz exige une approche méthodique :

  • Adoptez une cadence de pédalage entre 70 et 80 RPM pour préserver vos muscles
  • Économisez vos forces dans les trois premiers kilomètres malgré la tentation d’attaquer fort
  • Anticipez l’effort supplémentaire nécessaire entre les kilomètres 3 et 6
  • Hydratez-vous régulièrement, même si l’ascension est relativement courte

Les points stratégiques du versant est

Pour maîtriser les 13,2 kilomètres depuis Gignez :

  • Divisez mentalement l’ascension en trois sections distinctes
  • Préservez-vous dans les quatre premiers kilomètres malgré leur difficulté apparente
  • Gérez minutieusement votre effort dans la section centrale (km 4-8) où se joue l’ascension
  • Profitez de la légère descente entre les kilomètres 12 et 13 pour récupérer avant le final

La descente : technique et vigilance

La descente du Col de la Biche requiert attention et maîtrise technique :

  • Versant ouest : descente technique avec virages serrés, limitez votre vitesse
  • Versant est : plus longue mais moins technique, attention aux sections ombragées potentiellement humides
  • Vérifiez l’état de vos freins avant de vous lancer dans la descente

La boucle du Grand Colombier : l’expérience complète

Pour les cyclistes cherchant à maximiser leur expérience dans la région, la « Boucle du Grand Colombier » intègre le Col de la Biche dans un circuit exceptionnel de 95 kilomètres avec 2500 mètres de dénivelé positif.

Un circuit d’exception à la journée

Cette boucle au départ de Culoz vous permet d’enchaîner :

Les variantes pour tous les niveaux

Adaptez l’itinéraire selon votre condition physique :

  • Circuit court : Évitez le Grand Colombier pour réduire de 30 km et 1000m de dénivelé
  • Extension ambitieuse : Ajoutez le Col du Grand Colombier par Culoz au retour (+15 km, +900m)
  • Alternative par mauvais temps : Privilégiez uniquement l’ascension du Grand Colombier depuis Culoz

Pour les cyclistes souhaitant explorer davantage la région, le Circuit des Lacs du Jura offre une alternative panoramique complémentaire.

Autour du col : découvertes et services essentiels

Les trésors cachés à proximité

Plusieurs sites d’intérêt méritent un détour après votre ascension :

  • Le Musée du Bugey-Valromey à Lochieu (10 km du col), pour découvrir le patrimoine local
  • Les vestiges de la Chartreuse d’Arvière près du Grand Colombier
  • Le Marais de Lavours et son sentier sur pilotis, réserve naturelle exceptionnelle
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Le Col de la Biche se situe à proximité du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, véritable écrin naturel de la région.

Où se restaurer et se reposer ?

Prévoyez vos ravitaillements, les services sont limités à proximité immédiate du col :

  • Restaurant Ô Saisons à Virieu-le-Petit (15 km), cuisine locale, fermé le lundi
  • La Pause du Grand Colombier, buvette au sommet du Grand Colombier (18 km)
  • Hôtel de la Gare à Culoz (25 km), avec local vélo sécurisé
  • Gîte du Grand Colombier à Anglefort (20 km), adapté aux cyclistes

Services techniques et logistique

Anticipez vos besoins techniques :

  • Cycles Burnet à Belley (30 km) pour réparations et pièces
  • Sports 360 aux Plans d’Hotonnes (25 km) pour location de VAE
  • Gare SNCF de Culoz sur la ligne Lyon-Genève pour accès en train

Si vous envisagez d’intégrer l’ascension du Col de la Biche dans un voyage de plusieurs jours, planifiez soigneusement votre bikepacking pour maintenir un équilibre entre défi sportif et plaisir de découverte.

Informations pratiques : préparez votre ascension

Quand partir à l’assaut du col ?

Le Col de la Biche est accessible de mai à octobre, avec quelques spécificités saisonnières :

  • Mai-Juin : Ouverture variable, vérifiez l’état de la route avant de partir
  • Juillet-Août : Conditions optimales, privilégiez un départ matinal pour éviter la chaleur
  • Septembre-Octobre : Lumière magnifique, températures agréables, risque de pluie plus élevé
  • Novembre-Avril : Col fermé pour cause d’enneigement

La check-list du cycliste prévoyant

Avant de partir à l’assaut du Col de la Biche, assurez-vous d’avoir :

  • Minimum 2 bidons d’eau (pas de point d’eau au sommet)
  • Vêtements adaptables (coupe-vent, manchettes)
  • Kit de réparation basique (chambre à air, démonte-pneus, mini-pompe)
  • Téléphone chargé (attention aux zones sans réseau)
  • Encas énergétiques pour l’effort (barres, gels, fruits secs)

Sécurité et assistance

En cas de problème sur le col :

  • Numéro d’urgence européen : 112
  • Secours en montagne : 04 50 XX XX XX
  • Centre hospitalier le plus proche : Bugey Sud à Belley (30 km)

Les cyclistes expérimentés qui ont apprécié le défi du Col de la Biche pourraient être tentés par l’itinéraire transfrontalier VIALPS, qui relie plusieurs cols légendaires entre la France et l’Italie.

L’appel de la Biche : pourquoi ce col mérite votre visite

Le Col de la Biche représente l’essence même du cyclisme de montagne : un défi authentique, loin des foules, offrant une expérience pure et intense. Ses pentes exigeantes, son environnement préservé et ses panoramas exceptionnels en font une ascension de caractère qui marque les esprits. Qu’il soit conquis seul ou intégré dans un circuit plus ambitieux, ce col discret mais redoutable vous laissera un souvenir impérissable et la satisfaction d’avoir dompté l’une des ascensions les plus exigeantes du Jura français.

Thibault
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