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Il y a des routes qui se gravent dans la mémoire. La Corniche des Cévennes en fait partie. En octobre, quand les châtaigniers et hêtres enflamment les montagnes, cette route mythique devient un véritable balcon suspendu sur le sud du Massif central.
Entre Le Vigan et Florac, 62 kilomètres de virages, de vallées profondes et de panoramas vertigineux t’attendent. Ici, pas de circulation dense ni de bruit. Juste le vent, les cloches des troupeaux au loin, et l’odeur du bois humide. L’automne y transforme chaque virage en carte postale dorée.
🚴 62 km de pur vertige : Le Vigan → Florac
Départ matinal du Vigan, petit bourg cévenol au charme discret. La montée débute dès les premiers kilomètres, serpentant dans une forêt de chênes et de châtaigniers. La route grimpe régulièrement vers le col du Perjuret, offrant des vues à couper le souffle sur les vallées brumeuses en contrebas.
Vers midi, halte à Saint-André-de-Valborgne. Les maisons en pierre, les toits d’ardoise et les petites terrasses animées rappellent la douceur du sud. Le café du coin sent la châtaigne grillée et le feu de bois.
L’après-midi, la route devient plus roulante : une succession de crêtes et de descentes légères jusqu’à Florac, porte d’entrée du Parc national des Cévennes. Le dénivelé total avoisine les 1 200 mètres, mais les pentes restent régulières. C’est un parcours exigeant sans être extrême.
Mon premier passage sur cette route : octobre 2022. Je ne m’attendais pas à ce silence. Pas une voiture en 20 kilomètres. Juste moi, la forêt, et ce balcon suspendu au-dessus des vallées.
🍂 L’automne cévenol : un spectacle rare
De septembre à novembre, les forêts du versant sud explosent de couleurs. Les feuillages passent du vert tendre à l’or et au cuivre. Le soleil bas de l’après-midi enveloppe les collines d’une lumière dorée presque irréelle.
Les villages en pierre se parent de brume matinale. Les cheminées fument dès la fin de journée. L’odeur de châtaignes grillées flotte dans l’air frais. Les troupeaux descendent des estives, et leurs cloches résonnent dans les vallées.
Ici, l’automne est authentique et silencieux. Peu de touristes après septembre, des routes désertes, des habitants accueillants. On roule entre deux mondes : celui de la montagne sauvage et celui des traditions cévenoles encore vivantes.
🏘️ Trois étapes qui marquent le parcours
Saint-André-de-Valborgne : halte incontournable au kilomètre 30. Hameau perché sur la rivière Borgne, ambiance hors du temps. Le café-restaurant local sert une soupe de châtaignes et une truite du coin.
Barre-des-Cévennes : un point de vue à 800 mètres d’altitude avec panoramas à 360° sur les vallées dorées. Par temps clair, tu aperçois le Mont Lozère au nord et les Cévennes méridionales au sud.
Florac : ville de fin d’étape nichée au confluent du Tarn et du Tarnon. Petits hôtels familiaux, auberges locales, cuisine aux produits de la châtaigne et du miel. Le soir, la place du village s’anime doucement.
🎒 L’équipement adapté à la Corniche
Un vélo de route ou gravel avec braquets souples suffit largement. Les routes sont propres et bien entretenues. Pas besoin de gros développements pour les descentes, les virages sont nombreux et serrés.
Vêtements modulables : matinées fraîches entre 8 et 10°C, après-midis douces à 18-20°C. Prévois une veste coupe-vent imperméable. Les brumes matinales peuvent être humides.
Deux bidons minimum : certaines portions sont isolées. Saint-André-de-Valborgne est le seul point de ravitaillement sérieux avant Florac. Emporte des barres énergétiques ou des fruits secs.
Lampe arrière obligatoire : certaines portions sont ombragées et sinueuses. Les automobilistes locaux conduisent vite dans les virages qu’ils connaissent par cœur.
⚡ Les difficultés réelles du parcours
Le dénivelé positif de 1 200 mètres peut impressionner sur le papier. En réalité, il est étalé sur 62 kilomètres. Les pentes dépassent rarement 6-7 %. Aucun mur brutal, aucune rampe insoutenable.
La vraie difficulté ? L’enchaînement des montées. Dès que tu penses avoir fini de grimper, un nouveau faux-plat s’annonce. Le mental joue autant que les jambes.
Les descentes sont techniques. Les virages en épingle se succèdent, souvent sans visibilité. Garde ton attention maximale, surtout en fin de journée quand la fatigue se fait sentir.
💬 Ce que cette route m’a appris
Sur la Corniche, tout paraît suspendu. Le temps, les sons, la lumière. Tu roules entre ciel et terre, seul au milieu des montagnes. Chaque virage offre une nouvelle vue, plus saisissante que la précédente.
Le soir, à Florac, quand la lumière décline et que les toits fument doucement, tu réalises que tu viens de parcourir l’un des itinéraires les plus sauvages et les plus purs de France. Pas besoin d’aller chercher des cols alpins bondés.
Les Cévennes offrent cette chose rare aujourd’hui : du silence, de la solitude choisie, et une nature qui reprend ses droits dès que l’été se termine. Un week-end, deux jours, 62 kilomètres. C’est tout ce qu’il faut pour déconnecter du monde moderne.
Si tu cherches une aventure vélo d’automne qui marque vraiment, oublie les classiques. Direction Le Vigan, et laisse-toi porter par cette corniche suspendue au-dessus du temps.





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