Autour du Mont Ventoux, une boucle secrète relie 7 villages oubliés — loin des records et du bruit

Quand on parle du Mont Ventoux, on imagine aussitôt les lacets mythiques, la pente qui brûle les cuisses, les records qui tombent. Mais loin des chiffres et des chronos, il existe un autre Ventoux : celui qu’on contourne plutôt que de gravir.

Un itinéraire secret de 100 kilomètres environ, fait de routes désertes, de villages oubliés et d’ombres violettes qui dansent sur les collines. Une Provence authentique, où chaque coup de pédale réveille l’odeur du pin et du thym sauvage. Voici comment découvrir le Géant de Provence autrement.

🚴 La boucle d’initiés qui tourne le dos au sommet

Le départ se fait à Bédoin, là même où les grimpeurs s’élancent traditionnellement vers le sommet. Mais ici, on prend la direction inverse. On tourne le dos à la montée mythique pour s’enfoncer dans les Baronnies provençales, ce massif préalpin que peu connaissent vraiment.

La route enchaîne Flassan, Villes-sur-Auzon, puis Mormoiron. De petites routes départementales bordées de vignes centenaires et de cerisiers qui explosent de blanc au printemps. Le bitume y ondule, étroit et sinueux, parfait pour rouler lentement et savourer les paysages sans pression.

Au détour d’un virage ombragé, le Ventoux apparaît soudain — pas comme un défi à relever, mais comme un repère bienveillant. La montagne veille au loin, sa crête calcaire blanche sous le soleil, pendant que vous descendez tranquillement vers Malaucène, cœur battant du versant nord.

🏰 Entre pierre sèche et villages qui résistent au temps

Puis la D40 grimpe doucement vers Le Barroux, petit joyau médiéval avec son château Renaissance accroché à la pierre. Les murs ocre se confondent avec la roche, comme si le village avait poussé naturellement de la colline. Quelques kilomètres plus loin, Beaumes-de-Venise dévoile ses façades patinées et ses ruelles silencieuses où résonne encore l’écho des pas.

Là, le parfum de lavande se mêle naturellement à celui du muscat local qui fait la réputation du village. Les vignobles s’étirent jusqu’à l’horizon, géométriques et rassurants. Chaque arrêt semble suspendu hors du temps :

  • À Flassan : le temps coule au rythme des fontaines de pierre, et le café du village sert encore des citrons pressés sous les platanes
  • À Mormoiron : une terrasse sous les platanes centenaires sert dans des verres dépareillés, et personne ne vous demande de partir
  • À Sault : dernier village du tour, le Ventoux ferme l’horizon, immense et calme, gardien silencieux de la Provence d’en haut
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Ce sont ces lieux que les cyclistes pressés, ceux qui ne jurent que par le sommet, ne voient jamais. Ici, les routes serpentent entre champs d’épeautre et lavandes sauvages, les sons se font rares : juste la chaîne qui tourne régulièrement et le vent chaud provençal sur la peau.

🌅 Quand la lumière dorée transforme le bitume en tableau vivant

C’est en fin d’après-midi que la magie opère vraiment. La lumière devient dorée, presque liquide. Le goudron miroite sous les derniers rayons, les ombres s’allongent démesurément. Chaque cyprès projette une ligne noire sur les collines.

La descente vers la vallée de la Nesque devient un tableau vivant : falaises rouges qui rougeoient, senteurs de garrigue qui montent avec la chaleur résiduelle, oiseaux qui plongent dans la lumière rasante. Vous ne cherchez plus à avancer vite, à faire du kilométrage : vous voulez juste rester là, encore un peu, prolonger ce moment suspendu.

Les derniers kilomètres rejoignent Bédoin par de petites routes blanches poussiéreuses. Le soleil s’éteint progressivement derrière les pins parasols, et le Ventoux s’embrase une dernière fois, passant du blanc au rose puis au violet profond. Pas de ligne d’arrivée tracée au sol, pas de chrono à consulter — juste un sentiment de plénitude rare que seuls certains itinéraires procurent.

🧭 Les informations pour reproduire cette échappée provençale

📏 Caractéristiques techniques :

  • Distance : environ 100 km
  • Dénivelé positif : 1 500 m environ
  • Type de vélo : route ou gravel léger (pneus 28-32 mm recommandés)
  • Temps moyen : 5 à 7 heures selon votre rythme et vos pauses

🌤️ Saisons idéales : Mai-juin pour les cerisiers en fleurs et la douceur printanière, ou septembre-octobre pour les couleurs d’automne et la lumière magique.

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💧 Points de ravitaillement : Flassan, Mormoiron, Malaucène et Sault offrent cafés, boulangeries et fontaines.

C’est une boucle exigeante par endroits, avec quelques grimpettes sèches, mais accessible à tout cycliste curieux capable de grimper tranquillement les collines provençales sans chercher la performance.

💬 Rouler pour sentir, non pour battre des reccords

Autour du Mont Ventoux, on découvre une autre idée du cyclisme : celle qui privilégie les sensations aux statistiques. Le bruit ambiant s’efface progressivement, les records n’ont plus aucune importance. Il ne reste que la route qui serpente, la lumière qui change à chaque heure, et la certitude d’avoir touché quelque chose d’essentiel.

Ce n’est pas une fuite devant la difficulté du Ventoux. C’est un autre chemin, tout aussi beau, peut-être même plus profond. Parce que parfois, contourner vaut mieux que conquérir. Et la vraie liberté à vélo ne se mesure pas en dénivelé, mais en moments suspendus.

Thibault
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