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Niché au cœur des Dolomites italiennes, le Passo Staulanza se révèle comme un joyau méconnu pour les cyclistes en quête d’authenticité. À 1766 mètres d’altitude, ce col de deuxième catégorie offre une expérience complète : des pentes accessibles, des panoramas époustouflants sur les massifs du Pelmo et du Civetta, et une ambiance préservée loin de l’affluence des cols voisins plus célèbres. Véritable trait d’union entre les vallées du Cadore et du Zoldo, le Staulanza vous invite à découvrir l’essence même du cyclisme dans les Dolomites, sans les foules du Giau ou du Sella.
Le gardien secret des Dolomites : portrait technique
Le Passo Staulanza, dont le nom d’origine ladine signifierait « passage entre les forêts », constitue un maillon essentiel dans la chaîne des cols dolomitiques. Situé précisément à 46.42056°N 12.10389°E dans la province de Belluno (Vénétie), il s’impose comme une ascension de difficulté modérée mais au caractère bien trempé.
Deux versants, deux personnalités distinctes
Le col présente deux visages contrastés selon le versant choisi :
- Versant Nord (depuis Selva di Cadore) : 9,1 km à 4,8% de moyenne (404m de dénivelé)
- Versant Sud (depuis Dont/Val di Zoldo) : 12,6 km à 6,7% de moyenne (666m de dénivelé)
Cette dualité en fait une ascension accessible aux cyclistes intermédiaires tout en offrant un défi substantiel, particulièrement par le versant sud avec ses passages à plus de 10%.
Un col à l’écart des foules
Contrairement au Timmelsjoch, ce géant transfrontalier austro-italien à 2509m, le Staulanza reste relativement préservé du tourisme de masse. Cette tranquillité relative en fait un terrain de jeu idéal pour les cyclistes cherchant l’authenticité des Dolomites sans les embouteillages estivaux des cols plus renommés.
Dans les roues d’Hinault : l’histoire cycliste du Staulanza
Bien que moins célèbre que ses voisins, le Passo Staulanza a néanmoins connu ses heures de gloire dans l’histoire du cyclisme professionnel.
Le duel Hinault-Battaglin de 1980
L’édition 1980 du Giro d’Italia a marqué l’histoire du col avec un affrontement tactique mémorable entre Bernard Hinault et Giovanni Battaglin. Le Blaireau, malgré une infériorité en ascension pure, a su conserver son avance grâce à une gestion stratégique sur les replats et dans les descentes. Ce passage illustre parfaitement la nature technique du Staulanza, où la puissance brute ne suffit pas toujours.
Un acteur récurrent du Giro
Le col a également figuré au programme du Giro d’Italia en 2007, 2012 et 2021, généralement comme transition vers d’autres géants comme le Passo Giau ou le Passo Duran. Son profil en fait un excellent terrain de préparation avant d’affronter des ascensions plus redoutables.
Le versant nord : la douce introduction aux Dolomites
Depuis Selva di Cadore, l’ascension du Staulanza se présente comme une invitation progressive au monde des cols alpins.
Une pente régulière sous l’œil du Monte Pelmo
Les 9,1 kilomètres depuis Selva di Cadore (1362m) offrent une pente moyenne de 4,8%, idéale pour s’initier aux ascensions alpines. La route serpente à travers forêts et alpages, avec le majestueux Monte Pelmo (3168m) comme toile de fond permanente.
Le profil se décompose en trois segments relativement homogènes :
- 0-3 km : 4,5% de moyenne, entrée en matière progressive dans la forêt
- 3-6 km : 4,5% de moyenne, passage sous les impressionnantes parois du Monte Pelmo
- 6-9,1 km : 4,3% de moyenne avec quelques passages à 11,8% dans les derniers virages
Cette régularité relative en fait un versant parfait pour les cyclistes intermédiaires ou ceux qui souhaitent s’échauffer avant d’autres défis.
Le versant sud : le vrai test du grimpeur
Depuis Dont (Val di Zoldo), le Staulanza révèle son caractère plus exigeant et sa véritable nature alpine.
Une ascension progressive sous le regard du Civetta
Les 12,6 kilomètres depuis Dont (1100m) imposent un dénivelé de 666 mètres à 6,7% de moyenne. Contrairement au Mont Ventoux et son redoutable piège au kilomètre 10, le Staulanza présente un profil plus régulier avec des pentes maximales bien réparties sur le parcours.
L’ascension se divise en trois segments distincts :
- 0-4 km : 6,8% de moyenne, entrée en matière soutenue dans la vallée boisée
- 4-8 km : 6,8% de moyenne avec des passages à 10%, vue spectaculaire sur le Monte Civetta
- 8-12,6 km : 2,7% de moyenne, section de répit avant les derniers lacets
Ce versant, plus exigeant, récompense l’effort par des panoramas exceptionnels sur le massif du Civetta (3220m), l’une des parois les plus impressionnantes des Dolomites.
L’arsenal du grimpeur : équipement optimal pour le Staulanza
Quel vélo et quels développements choisir ?
Pour conquérir le Staulanza dans les meilleures conditions :
- Type de vélo : Un vélo de route léger (moins de 9 kg) est idéal. Un gravel reste une alternative viable grâce au revêtement lisse de la SP251.
- Développements recommandés : Pour les cyclistes intermédiaires, un compact 34-32 offre une marge confortable sur les passages à 10-11%. Les experts pourront se contenter d’un 39-28.
- Pneus : Des 25-28 mm offrent le meilleur compromis adhérence/rendement. Par temps humide, privilégiez des 32 mm pour plus de sécurité.
La gestion des conditions météorologiques
Les Dolomites sont connues pour leurs changements météorologiques rapides :
- Vêtements : Privilégiez le système en couches avec une base en mérinos et un gilet coupe-vent. Une veste imperméable légère reste indispensable, même en été.
- Éclairage : Des feux LED avant/arrière sont recommandés en cas de brouillard subit ou pour les départs matinaux.
- Période optimale : De mi-mai à mi-octobre, avec une préférence pour juin à septembre (températures entre 8 et 18°C en journée).
Stratégie d’ascension : comment dompter le Staulanza
L’approche tactique par le versant sud
Le versant sud, plus exigeant, mérite une stratégie spécifique :
- 0-4 km : Adoptez une cadence de 70-80 RPM en zone 3-4. Ce début exigeant nécessite une gestion prudente de l’effort.
- 4-8 km : Maintenez 75-85 RPM en zone 3, en restant assis pour optimiser l’oxygénation sur les passages à 10%.
- 8-12,6 km : Profitez de la section plus douce (65-70 RPM en zone 2-3) pour récupérer, tout en conservant 20% d’énergie pour les derniers lacets.
L’erreur classique consiste à surestimer ses capacités sur les premiers kilomètres, particulièrement exigeants. Un échauffement de 15 minutes en plat à 90 RPM, suivi de quelques allers-retours courts en côte, prépare idéalement le corps à l’effort.
La gestion du versant nord
Plus accessible, le versant nord permet une approche plus détendue :
- Maintenez une cadence régulière autour de 80-90 RPM
- Restez vigilant sur les derniers kilomètres où se cachent les passages les plus raides (11,8%)
- Profitez des vues sur le Monte Pelmo pour des pauses photos méritées
Au-delà du col : découvrir les trésors environnants
Le Passo Staulanza s’inscrit parfaitement dans un circuit de découverte plus large des Dolomites.
La boucle des géants dolomitiques
Un circuit complet de 85 km avec 2000m de dénivelé permet d’apprécier pleinement la région :
- Selva di Cadore → Forno di Zoldo : 18 km à travers forêts et hameaux typiques
- Ascension du Staulanza par le sud : 12,6 km de montée progressive
- Descente vers Cadore : 9,1 km avec vues imprenables sur le Monte Pelmo
- Boucle régionale Cadore : 30 km à travers villages typiques et églises historiques
- Retour à Selva di Cadore : 15 km de conclusion paisible
Pour les cyclistes cherchant à intégrer le Staulanza dans un défi plus ambitieux, le concept pourrait s’inspirer du Tour du Mont Blanc cycliste, l’ultime défi alpin de 330km qui traverse également plusieurs vallées spectaculaires.
Les incontournables à ne pas manquer
Au sommet du col, le Refuge Passo Staulanza offre une halte bienvenue avec sa terrasse panoramique et ses spécialités alpines (soupe spätzle, goulash). Les villages de Forno di Zoldo et Selva di Cadore méritent également une visite pour leur architecture dolomitique traditionnelle.
Les points de vue remarquables incluent :
- La borne photo Civetta au km 23,5
- Le belvédère Pelmo dans la descente nord
- Les vues sur les parois vertigineuses du Civetta depuis les lacets sud
Informations pratiques essentielles
Quand partir et comment s’y préparer ?
Le col est généralement accessible de mi-mai à mi-octobre, selon l’enneigement. Les conditions optimales se trouvent en juin-septembre, avec des températures diurnes de 8-18°C. Privilégiez un départ matinal (avant 10h) pour éviter les orages estivaux fréquents en après-midi.
Le niveau recommandé est intermédiaire pour le versant nord, intermédiaire-avancé pour le versant sud. Si vous appréciez les défis montagneux des Dolomites, vous pourriez également être intéressé par ces autres ascensions mythiques qui forgent les vrais grimpeurs en Andorre, un autre paradis pour cyclistes en quête de dénivelé.
Services et hébergements adaptés
Au sommet, le Refuge Passo Staulanza (+39 0437 789131) propose hébergement (45-70€/nuit) et restauration avec stockage vélo sécurisé. À Selva di Cadore, l’Hotel Cime Selva offre un local fermé et un atelier basique.
Les points d’eau sont disponibles à Forno di Zoldo (fontaine publique) et au refuge du col. Pour les réparations, un atelier vélo à Selva di Cadore propose services et location en saison.
Sécurité et précautions
La route SP251 présente un revêtement de bonne qualité mais reste vigilant dans la descente nord (virages techniques). Le trafic est modéré en général, plus dense en haute saison touristique (juillet-août).
En cas d’urgence, composez le 112. Le Refuge Passo Staulanza constitue un point de secours au sommet. La couverture réseau est généralement bonne sur la majorité du parcours.
L’appel des Dolomites : pourquoi le Staulanza mérite votre visite
Bien que le Passo Staulanza soit à une altitude modérée de 1766m, les cyclistes en quête de défis plus extrêmes pourront se tourner vers le Pico Veleta, le sommet cyclable incontesté d’Europe à 3396m. Néanmoins, le Staulanza offre l’équilibre parfait entre accessibilité et défi, dans un cadre naturel exceptionnel.
Ce col représente l’essence même du cyclisme dans les Dolomites : des paysages grandioses, une histoire cycliste authentique et une expérience immersive loin des foules. Que vous soyez un grimpeur confirmé ou un cyclotouriste en quête de beauté, le Staulanza vous laissera un souvenir impérissable de votre passage dans les Dolomites.
Après avoir conquis le Passo Staulanza, vous pourriez être intéressé par ces 10 défis cyclistes français qui complèteront parfaitement votre expérience des Dolomites et enrichiront votre palmarès de grimpeur.
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