À lire aussi
Entre terre et mer, la Boucle cyclable de la Côte d’Émeraude et des Terres Intérieures Malouines offre une immersion complète dans l’âme bretonne. Ce circuit de 151 kilomètres vous emmène des remparts corsaires de Saint-Malo aux polders mystérieux du Marais de Dol, en passant par les terres de Chateaubriand et les méandres paisibles de la Rance. Que vous soyez amateur de patrimoine maritime, passionné d’histoire ou simplement en quête de paysages variés, cette boucle constitue une synthèse parfaite de la Bretagne nord.
🚲 Carte d’identité d’un parcours d’exception
Nichée au cœur de la Bretagne romantique, cette boucle traverse deux départements (Ille-et-Vilaine et Côtes-d’Armor) et relie des sites emblématiques comme Saint-Malo, Cancale, Dol-de-Bretagne, Combourg et Dinan. Avec ses 151 kilomètres et un dénivelé positif de 1285 mètres, elle s’adresse principalement aux cyclotouristes de niveau intermédiaire, capables d’enchaîner des étapes de 30 à 35 kilomètres par jour.
L’itinéraire combine intelligemment des sections officielles de La Vélomaritime®/EuroVélo 4 et de La Voie 42 (schéma régional Breizh Vélo), garantissant ainsi un balisage fiable sur près de 72% du parcours. La répartition des voies (32% de voies vertes, 53% de routes départementales à faible trafic, 11% de chemins stabilisés et 4% de voies urbaines) en fait un parcours accessible sans être monotone.
🌊 De Saint-Malo à Cancale : la symphonie maritime (25 km)
Le périple débute aux remparts de Saint-Malo, face à la mer. Ces fortifications imposantes, reconstruites après la Seconde Guerre mondiale, témoignent du passé corsaire de la cité. Prenez le temps d’admirer la vue sur le Grand Bé, îlot accessible à marée basse où repose Chateaubriand, avant de vous élancer vers l’est.
Les premiers kilomètres longent la côte par une route littorale parfaitement asphaltée. Après la plage du Sillon, vous atteindrez la Pointe de la Varde, premier belvédère naturel offrant un panorama saisissant sur la baie. Par temps clair, le Mont-Saint-Michel se dessine à l’horizon, préfigurant la suite de votre aventure.
L’alternance de criques sauvages et de falaises escarpées rythme cette première section jusqu’à l’Anse Duguesclin, havre de paix où une fontaine d’eau potable vous permettra de remplir vos gourdes. Les derniers kilomètres avant Cancale dévoilent progressivement les célèbres parcs à huîtres, véritables jardins marins que vous observerez idéalement à marée basse, tôt le matin, quand les ostréiculteurs sont à l’œuvre.
⚠️ Point de vigilance
Le vent peut souffler fort sur cette section côtière, particulièrement l’après-midi. Prévoyez un coupe-vent et privilégiez un départ matinal pour plus de confort. La fontaine de l’Anse Duguesclin est le seul point d’eau fiable sur ce segment.
🌾 Des parcs à huîtres aux terres de légende (28 km)
Quittant le port pittoresque de Cancale et ses étals d’huîtres fraîches, l’itinéraire bifurque vers le sud. Attention à la traversée de la RD155 au kilomètre 22, point critique où la visibilité est réduite à 50m dans le virage avec un trafic moyen de 3500 véhicules/jour. Une fois cette difficulté passée, vous pénétrez dans l’univers fascinant des polders du Marais de Dol.
Ces terres gagnées sur la mer depuis le Moyen Âge offrent un paysage unique en France, quadrillé de canaux et ponctué de moulins. Un détour s’impose vers le Moulin de la Croix, belvédère offrant une vue panoramique à 360° sur toute la baie du Mont-Saint-Michel. Les locaux recommandent d’y monter tôt le matin, quand la brume se dissipe progressivement, dévoilant le célèbre mont dans une lumière dorée.
Après Baguer-Morvan, préparez-vous à affronter une section technique de 4 kilomètres sur des chemins agricoles stabilisés. Ces chemins en calcaire compacté sont praticables avec des pneus de 32mm minimum, mais deviennent boueux et glissants après 10mm de pluie en 24h. Cette portion vous mène jusqu’à Dol-de-Bretagne, dont la cathédrale Saint-Samson mérite une visite pour ses vitraux exceptionnels.
🍽️ Pause gourmande
À Cancale, ne manquez pas de déguster des huîtres fraîches directement sur le port. À Dol-de-Bretagne, le « Café de la Cathédrale » propose une formule cycliste avec boisson énergétique et pâtisserie locale. Pensez à remplir vos gourdes à la fontaine publique sur la place principale.
🏰 Sur les traces de Chateaubriand : l’ascension vers Combourg (30 km)
Le troisième segment marque une transition progressive vers les terres intérieures. En quittant Dol par la D797, vous entamez une montée douce mais constante vers le pays de Combourg. Les bandes cyclables aménagées sur cette départementale offrent une sécurité appréciable face au trafic modéré.
Le village de Bonnemain constitue le dernier point de ravitaillement avant Combourg. Sa fontaine d’eau potable sur la place principale est une halte bienvenue avant d’aborder la section forestière. L’entrée dans la forêt domaniale annonce la partie la plus exigeante physiquement, avec une pente moyenne de 3,8% sur environ 2,2 kilomètres.
Cette section forestière de 4,5 km est dépourvue d’éclairage public. Un éclairage avant puissant (minimum 400 lumens) est indispensable si vous prévoyez de la traverser à la tombée du jour. Le revêtement est en bon état mais des chutes de branches peuvent survenir, soyez vigilant.
Cette ascension progressive vous récompense par une vue dégagée sur Combourg et son imposant château. Cette forteresse médiévale, où Chateaubriand passa son enfance, a inspiré ses « Mémoires d’outre-tombe ». Si le temps vous le permet, une visite guidée (12€, durée 1h) vous plongera dans l’univers romantique de l’écrivain. L’Hôtel France & Chateaubriand, labellisé « Accueil Vélo », offre un hébergement idéal pour les cyclistes souhaitant fractionner leur périple.
🔧 Services vélo
À Combourg, Breizh Cycles propose des services de réparation et d’entretien. Le magasin est situé à 300m du château et dispose d’un stock de pièces courantes pour vélos de tourisme.
🌳 La vallée de la Rance : des collines aux méandres (35 km)
Le quatrième segment, reliant Combourg à Dinan, présente le profil le plus vallonné de l’itinéraire avec 395 mètres de dénivelé positif. En quittant Combourg par la D794, vous traversez un paysage bocager typiquement breton, alternant petites collines et vallons verdoyants.
Après une quinzaine de kilomètres, vous rejoignez la Voie Verte de la Vallée de la Rance, ancienne voie ferrée reconvertie. Sa surface en sablé-ciment offre un roulage confortable par temps sec, mais devient glissante après 15mm de pluie en 24h (temps de séchage moyen : 6h). Les cyclistes locaux préfèrent parfois la variante par la RN176 en conditions humides, équipée d’une bande cyclable de 1,5m de large sur 80% du tronçon.
La descente technique vers Dinan vous fait passer devant les chantiers navals historiques de Léhon, témoins d’un riche passé maritime. Cette descente de 2,3 km présente une pente moyenne de 5,8% avec deux virages serrés (>90°) nécessitant une attention particulière. L’arrivée à Dinan par le port nécessite d’affronter une montée raide vers la ville haute. Ne vous découragez pas : les ruelles médiévales et les maisons à colombages de cette cité fortifiée valent amplement l’effort. L’Atelier du Vélo, situé près de la gare, propose des services de réparation et d’entretien si votre monture montre des signes de fatigue.
🚑 Échappatoires
Ce segment offre deux points d’échappatoire en cas de problème : la gare de Pleudihen-sur-Rance (km 18) et l’arrêt de bus BreizhGo de Léhon (km 30), tous deux acceptant les vélos.
🌉 Le retour par l’estuaire : la Rance majestueuse (33 km)
Le dernier segment vous ramène à Saint-Malo en longeant la Rance. Cette section, majoritairement plate, emprunte la Véloroute des Vallons de Haute-Bretagne, parfaitement asphaltée sur 3 mètres de large. Le parcours offre des vues imprenables sur l’estuaire et ses paysages changeants au gré des marées.
L’Écluse du Châtelier constitue une halte reposante, avec ses bancs ombragés idéaux pour une pause contemplative. L’expérience des écluses sur la Rance rappelle le parcours des écluses de la Mayenne, similaire au tronçon de la Rance.
Plus au nord, le Barrage de la Rance, première usine marémotrice au monde inaugurée en 1966, impressionne par ses dimensions. Son centre d’information propose une exposition gratuite sur le fonctionnement de cette prouesse technique.
Après le barrage, préparez-vous à affronter la dernière difficulté : une ascension de 1,8 km à 4,2% de moyenne, avec un passage plus raide à 6,5% sur 200m. Ce virage en épingle caractéristique à mi-côte est reconnaissable de loin. Vos efforts seront récompensés par une descente finale vers Saint-Malo intra-muros, bouclant ainsi votre périple de 151 kilomètres à travers l’une des plus belles régions de France.
🚢 Transport alternatif
Un service de bateau-bus entre Dinard et Saint-Malo (10 rotations/jour en saison) permet de raccourcir ce segment de 15 km si nécessaire. Les vélos sont acceptés sans supplément.
⚠️ Conseils d’un cyclotouriste averti
Pour profiter pleinement de cette boucle, quelques recommandations s’imposent. Privilégiez avril, mai ou juin pour votre voyage, évitant ainsi l’affluence touristique estivale tout en bénéficiant de journées suffisamment longues et généralement clémentes. Les températures moyennes oscillent entre 11 et 18°C avec des précipitations de 50-60mm/mois. Le vent, omniprésent sur les sections côtières et dans les polders, souffle généralement plus fort l’après-midi (20-28 km/h en moyenne) – programmez donc ces portions en matinée si possible.
Côté équipement, optez pour des pneus polyvalents de 32 à 35 mm capables d’absorber les irrégularités des chemins stabilisés sans trop pénaliser votre rendement sur l’asphalte. Un éclairage avant puissant (400 lumens minimum) s’avère indispensable pour la section forestière non éclairée entre Bonnemain et Combourg. N’oubliez pas une protection contre le vent (coupe-vent léger) et prévoyez une réserve d’eau suffisante entre Combourg et Dinan, où les points de ravitaillement se font rares.
Pour ceux qui souhaitent fractionner cette boucle en plusieurs jours, consultez nos conseils pratiques pour déterminer votre kilométrage quotidien idéal. Une répartition classique consiste à diviser l’itinéraire en trois jours : Saint-Malo à Dol (53 km), Dol à Dinan (65 km), puis Dinan à Saint-Malo (33 km).
👥 Témoignages : la parole aux cyclistes
Marie L., cyclotouriste expérimentée ayant parcouru l’itinéraire en avril 2025, témoigne : « Boucle exigeante mais magnifique. Les aménagements récents sur la portion Combourg-Dinan changent tout. Prévoir des pneus adaptés aux chemins graveleux. » Un conseil que confirme le Club Cyclo 35, qui ajoute : « Alternative crédible au tour de la baie du Mont-Saint-Michel. Signalétique EuroVelo 4 impeccable jusqu’à Dol. Attention absence de balisage spécifique sur le tronçon ouest. »
Ces retours soulignent l’importance de télécharger le tracé GPX avant le départ, disponible sur Komoot ou OpenRunner.
🏆 Services et hébergements « Accueil Vélo »
La boucle compte 14 hébergements labellisés « Accueil Vélo » répartis stratégiquement le long du parcours. Parmi les plus appréciés, citons :
- Saint-Malo : Hôtel de l’Univers (garage à vélos sécurisé, kit de réparation)
- Cancale : La Bicyclette (hébergement + atelier vélo)
- Dol-de-Bretagne : Vélo Émeraude (location, réparation et hébergement)
- Combourg : Hôtel France & Chateaubriand (local vélo, nettoyage, petit-déjeuner adapté)
- Dinan : Atelier du Vélo (réparation complète et hébergement partenaire)
Les 12 points d’eau potable identifiés le long du parcours sont indiqués sur le tracé GPX téléchargeable. En cas d’urgence, 7 points d’échappatoire permettent de rejoindre une gare SNCF ou un arrêt de bus BreizhGo acceptant les vélos.
🌍 La Bretagne à vélo : au-delà de la boucle malouine
Cette boucle de 151 kilomètres synthétise parfaitement l’identité malouine entre patrimoine maritime et arrière-pays historique. L’équilibre entre voies aménagées et routes secondaires permet une découverte sécurisée des paysages emblématiques bretons. La récente labellisation Breizh Vélo pour 68% du parcours garantit un entretien régulier des infrastructures.
Pour ceux qui préfèrent une version plus courte, la variante par Hédé-Bazouges après Dol réduit le parcours à 112 kilomètres tout en conservant l’essentiel des points d’intérêt. Si vous avez apprécié notre boucle côtière de Saint-Malo, vous pourriez également être intéressé par le Circuit des Châteaux du Limousin : 152 km d’aventure médiévale comparable.
Les amateurs de gravel peuvent opter pour la version tout-terrain, remplaçant les segments 2 et 4 par des chemins côtiers, pour une expérience plus technique mais aussi plus immersive.
Si vous avez apprécié les paysages aquatiques de la côte d’Émeraude mais cherchez un environnement montagneux pour votre prochaine aventure, le tour du lac du Bourget, alternative alpine à l’expérience maritime bretonne, pourrait constituer votre prochain défi.
Une fois que vous aurez conquis la boucle malouine, pourquoi ne pas vous lancer dans la découverte d’autres destinations cyclotouristiques européennes incontournables ? La Bretagne n’est que le début d’une aventure cycliste qui peut vous mener bien au-delà des frontières hexagonales, vers d’autres horizons tout aussi enchanteurs.
- Le piège du marketing cycliste : ces accessoires alourdissent votre vélo et votre portefeuille ! - 17 mars 2025
- Le jour où Froome a défié l’impossible : l’attaque légendaire du Finestre qui a renversé le Giro 2018 - 17 mars 2025
- Ces erreurs alimentaires sabotent-elles vos performances à vélo sans que vous le sachiez ? - 17 mars 2025
Merci pour cette idée de parcours, malheureusement les liens komoot et openrunner sont privés 😔