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Niché au cœur du massif des Aravis, le Col de la Croix Fry se dresse comme un joyau méconnu des Alpes françaises. Culminant à 1467 mètres d’altitude, ce col de première catégorie offre aux cyclistes un défi authentique loin des foules qui envahissent ses célèbres voisins. Son nom, dérivé de Crux Ferit (« pierre levée »), évoque déjà l’histoire millénaire qui imprègne ces pentes savoyardes. Entre panoramas époustouflants sur le Mont-Blanc, virages techniques et patrimoine préservé, la Croix Fry promet une expérience cycliste complète où effort et découverte se conjuguent parfaitement.
La carte d’identité d’un col aux deux visages
Le Col de la Croix Fry s’impose comme une ascension de caractère, classée en première catégorie par le Tour de France. Sa position stratégique dans le massif des Aravis en fait un balcon naturel sur les plus beaux sommets de Haute-Savoie.
Deux versants, deux défis distincts
L’ascension présente deux personnalités bien marquées selon le versant choisi :
- Versant Ouest (Thônes) : 12,8 km à 6,6% de moyenne (842m de dénivelé)
- Versant Est (Saint-Jean-de-Sixt) : 10,3 km à 4,9% de moyenne (507m de dénivelé)
Un col accessible mais exigeant
Avec ses pentes qui atteignent 11% sur certains passages du versant Thônes, la Croix Fry représente un défi sérieux sans atteindre l’extrême difficulté d’autres géants alpins. Sa route bien entretenue et ses virages techniques en font une ascension complète, idéale pour les cyclistes intermédiaires cherchant à progresser.
Entre menhir millénaire et légendes alpines
La Croix Fry tire son nom d’une histoire fascinante qui remonte à plusieurs millénaires, bien avant que les cyclistes ne s’approprient ses pentes.
Le mystérieux menhir de la Croix Fry
Au sommet se dresse un menhir plusieurs fois millénaire, témoin silencieux des âges. Cette pierre levée, qui donna son nom au col (Crux Ferit devenu Croix-Férit puis Croix-Fry), fut brisée dans les années 1950 avant d’être restaurée. Elle constitue aujourd’hui un patrimoine préhistorique rare dans les Alpes.
Saint François de Sales et les croix gravées
Une légende tenace raconte que Saint François de Sales, traversant le col en 1607, aurait gravé des croix sur le menhir avec sa crosse épiscopale. Si les historiens restent sceptiques quant à l’authenticité de ce récit, il témoigne de l’importance spirituelle qu’a toujours revêtue ce passage montagnard.
De chemin muletier à route cyclable
Ce n’est que dans les années 1950 que le col s’ouvre véritablement aux véhicules, transformant un ancien chemin muletier en route carrossable. Le développement touristique suivra avec l’installation d’une petite station de sports d’hiver, faisant de la Croix Fry un lieu vivant toute l’année.
Dans les roues du Tour : l’histoire cycliste du col
Depuis sa première apparition dans le Tour de France en 1994, le Col de la Croix Fry s’est progressivement inscrit dans le patrimoine cycliste français.
Les passages marquants de la Grande Boucle
Le col a accueilli le Tour à plusieurs reprises, toujours classé en première catégorie :
- 1994 : Première apparition avec Piotr Ugrumov en tête au sommet
- 1997 : Laurent Jalabert passe en leader, démontrant ses qualités de grimpeur
- 2004 : Floyd Landis franchit le col en tête
- 2013 : Le Portugais Rui Costa s’illustre dans l’ascension
- 2018 : Rudy Molard passe premier au sommet
- 2023 : Giulio Ciccone confirme ses talents de grimpeur en franchissant le col en tête
Le Critérium du Dauphiné a également emprunté ses pentes en 2020, confirmant son statut d’ascension de référence dans le calendrier cycliste professionnel.
Le versant ouest : l’ascension royale depuis Thônes
Le versant ouest depuis Thônes constitue l’approche la plus exigeante et la plus emblématique du Col de la Croix Fry. Ses 12,8 kilomètres offrent une progression variée qui met à l’épreuve les qualités complètes du grimpeur.
De Thônes à Manigod : l’échauffement progressif
Les 5 premiers kilomètres servent d’introduction avec une pente moyenne de 6,8%. Cette section offre peu d’ombre et traverse le charmant village de Manigod. Le paysage s’ouvre progressivement, dévoilant les premiers panoramas sur les Aravis.
Manigod – Les Choseaux : le juge de paix
Entre les kilomètres 5 et 8 se concentre la difficulté majeure de l’ascension. Sur ces 3 kilomètres, la pente moyenne grimpe à 9,5% avec des passages dépassant les 10%. Les virages se resserrent, exigeant une gestion parfaite de l’effort. C’est ici que se joue souvent la réussite de l’ascension.
Les Choseaux – Sommet : la récompense panoramique
Les 4,8 derniers kilomètres offrent un répit relatif avec une pente moyenne redescendant à 6%. Le profil devient plus roulant, permettant de récupérer tout en admirant les vues spectaculaires sur la chaîne des Aravis. L’arrivée au col, marquée par le menhir historique, offre un sentiment d’accomplissement bien mérité.
Le versant est : l’alternative plus douce
Depuis Saint-Jean-de-Sixt, le versant est propose une approche plus accessible avec ses 10,3 kilomètres à 4,9% de moyenne. Cette face du col séduit par sa régularité et ses paysages ouverts.
Un profil idéal pour les débutants en montagne
Avec une pente maximale de 7,3%, ce versant permet une initiation plus douce à l’ascension alpine. La progression est régulière, sans passage véritablement redouté, ce qui en fait un choix judicieux pour les cyclistes moins expérimentés ou en phase de récupération.
Des panoramas progressifs sur les Aravis
L’ascension par l’est offre l’avantage de dévoiler progressivement les panoramas sur le massif des Aravis. Chaque virage apporte une nouvelle perspective, créant une expérience visuelle qui accompagne agréablement l’effort physique.
L’arsenal du grimpeur : s’équiper pour conquérir la Croix Fry
La conquête du Col de la Croix Fry nécessite une préparation adaptée à ses caractéristiques techniques particulières.
Quel braquet choisir pour les passages à 10% ?
Pour affronter sereinement les sections les plus raides du versant Thônes, un compact (34 dents) associé à une cassette offrant un grand pignon de 32 dents minimum est recommandé. Les passages à 9-10% sur près de 3 kilomètres justifient pleinement ce choix technique, permettant de maintenir une cadence confortable entre 70 et 80 RPM.
Le choix du vélo et des pneumatiques
Un vélo de route classique est parfaitement adapté à cette ascension. La qualité du revêtement permet d’opter pour des pneus de 25-28 mm gonflés à une pression de 90-95 PSI (pour un cycliste de 65-70 kg). En cas de pluie, privilégiez des pneus de 28 mm pour une meilleure adhérence dans les virages techniques.
La préparation physique nécessaire
Pour aborder sereinement cette ascension, un volume d’entraînement de 8-10 heures hebdomadaires est recommandé, incluant des sorties avec des montées similaires (6-8% sur plusieurs kilomètres). Un échauffement progressif de 15-20 minutes avant d’attaquer les premières pentes est essentiel pour préparer les muscles à l’effort prolongé.
Stratégie d’ascension : les secrets pour dompter la Croix Fry
La gestion d’effort segment par segment
L’ascension depuis Thônes se divise naturellement en trois segments distincts, chacun exigeant une approche spécifique :
- Thônes-Manigod : Privilégiez une cadence élevée (80-90 RPM) malgré les 6,8% pour préserver vos articulations
- Manigod-Les Choseaux : Sur les passages dépassant 9%, restez assis et utilisez systématiquement votre plus petit développement, en maintenant une cadence de 70-80 RPM
- Les Choseaux-Sommet : Profitez des sections plus roulantes pour récupérer tout en maintenant un rythme régulier
Hydratation et nutrition : le carburant de l’ascension
Prévoyez au minimum 500 ml d’eau par heure d’effort et un apport de 1g de glucides par kilogramme de poids corporel et par heure. Les gels, fruits secs et barres énergétiques constituent des options pratiques pour maintenir l’énergie nécessaire tout au long de l’ascension.
Quand partir ? Les horaires stratégiques
Pour éviter les flux touristiques, privilégiez un départ avant 8h ou après 18h, particulièrement en haute saison (juillet-août). La période optimale s’étend de mi-mai à mi-octobre, avec une préférence pour juin et septembre qui combinent conditions clémentes et trafic modéré.
Au-delà du col : le circuit de découverte idéal
Le Col de la Croix Fry s’intègre parfaitement dans une boucle cyclotouristique permettant de découvrir les trésors des Aravis.
La boucle des Aravis : 79 km de pur plaisir alpin
Ce circuit complet au départ de Thônes offre 79 km et 1900 mètres de dénivelé positif, pour une durée estimée de 5 à 7 heures (pauses incluses). L’itinéraire vous emmène de Thônes au Col de la Croix Fry, puis vers La Clusaz, le Lac des Confins, Le Grand-Bornand, Saint-Jean-de-Sixt avant de revenir à Thônes.
Pour les cyclistes cherchant à prolonger leur aventure alpine après la Croix Fry, le Tour du Mont Blanc à vélo : un défi alpin proche de la Croix Fry représente un défi plus ambitieux mais tout aussi gratifiant.
Les variantes pour tous les niveaux
Plusieurs options s’offrent aux cyclistes selon leur niveau et leurs envies :
- Variante longue : Ajoutez le Col des Aravis depuis La Clusaz (+14 km AR, +480m D+)
- Variante courte : Optez pour la boucle Thônes – Col – La Clusaz – St-Jean-de-Sixt – Thônes (43 km, D+ 1150m)
Si vous appréciez les paysages alpins de la Croix Fry, la boucle des Lacs du Beaufortain, autre joyau cycliste savoyard vous offrira des panoramas complémentaires à seulement quelques dizaines de kilomètres.
Les trésors à découvrir en chemin
Le circuit traverse des sites d’exception comme le Lac des Confins aux eaux turquoise, les alpages traditionnels où est produit le célèbre reblochon, et offre des vues imprenables sur le Mont-Blanc. Après avoir conquis le Col de la Croix Fry, de nombreux cyclistes complètent leur séjour par ce magnifique circuit gastronomique en Haute-Savoie à combiner avec l’ascension, offrant une expérience culinaire complémentaire à l’effort sportif.
Informations pratiques essentielles
Quand rouler ? Saisonnalité et conditions
Le col est généralement accessible de mi-mai à fin octobre, selon l’enneigement. Les conditions optimales se situent en juin et septembre, combinant météo favorable et trafic modéré. En juillet-août, privilégiez les sorties matinales pour éviter l’affluence touristique.
Côté météo, surveillez les risques d’orages estivaux et de brouillard sur le plateau. Les températures moyennes oscillent entre 10 et 20°C en été, nécessitant souvent un coupe-vent pour la descente.
Où se restaurer et se loger ?
Au sommet du col, l’Hôtel Les Sapins et l’Hôtel Les Rosières offrent hébergement et restauration avec des services adaptés aux cyclistes (garage vélo sécurisé). Les tarifs varient de 80 à 120€ par nuit.
Pour les amateurs de gastronomie locale, ne manquez pas de déguster le reblochon fermier dans les alpages environnants ou les rissoles savoyardes proposées dans les établissements du col.
Services vélo et assistance
En cas de problème technique, Sport 2000 à La Clusaz (à 20 km du col) propose des services de réparation rapide et de location de VAE. Pour les cyclistes cherchant une échappatoire, des bus relient La Clusaz à Thônes avec une capacité limitée pour les vélos.
Pour les cyclistes souhaitant s’acclimater progressivement à l’altitude avant d’affronter la Croix Fry, le Col de Tamié, ascension plus accessible pour s’acclimater avant la Croix Fry offre une ascension plus douce et tout aussi riche en patrimoine historique.
Un col à la hauteur de vos ambitions
Le Col de la Croix Fry incarne parfaitement l’équilibre entre défi sportif et découverte culturelle. Son ascension technique mais accessible en fait une étape incontournable pour tout cycliste souhaitant s’initier aux grands cols alpins. Entre son menhir millénaire, ses panoramas époustouflants et son histoire cycliste, la Croix Fry offre bien plus qu’une simple ligne à ajouter à votre palmarès : une véritable immersion dans l’âme des Aravis.
Les amateurs de cols alpins qui ont apprécié la Croix Fry pourront poursuivre leur collection avec le Col de la Croix de Fer, autre ascension mythique des Alpes françaises, qui offre des panoramas encore plus spectaculaires à 2067m d’altitude.
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